Le ministre de l’Économie défendra auprès des chefs d’État un plan de relance de l’économie européenne de 1.000 milliards d’euros. Il estime toujours qu’un endettement commun est la meilleure solution pour sortir de la crise économique liée au coronavirus, mais se heurte aux pays du nord de l’Europe.
Jeudi 23 avril, le Conseil européen doit une nouvelle fois discuter des moyens qu’ont les 27 pour répondre à la crise économique provoquée par le coronavirus. Bruno Le Maire y proposera un plan de relance de 1.000 milliards d’euros. Il a détaillé cette mesure auprès de Ouest-France.
Le ministre de l’Économie estime que l’Europe a réagi «vite et fort», sans quoi la zone euro serait «en grande difficulté». Son plan de 1.000 milliards, somme fournie par la Banque centrale européenne, est une façon de contourner l’opposition des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas à une mise en commun des dettes. Il a entre autres reçu le soutien de Giuseppe Conte, le Président du Conseil des ministres italien.
«Sa mécanique exacte et ses modalités techniques peuvent être discutées», a précisé le ministre au quotidien, «mais ce fonds est vital pour rester dans la course technologique et économique du XXIe siècle. Il est aussi vital pour l’avenir politique de l’Union européenne».
Il estime que le moment est opportun, puisque les taux d’intérêt sont très bas.
Ce fonds doit servir à investir dans un premier temps dans les infrastructures sanitaires, principalement les hôpitaux. Il pourra aussi aider l’industrie automobile et l’aéronautique, ainsi que la transition énergétique et les nouvelles technologies, comme la mise en place de la 5G. «Si nous ne faisons rien, la crise se soldera par des centaines de milliers de licenciements en Europe et par le déclassement technologique du continent européen», a-t-il prévenu.
Mardi 21 avril, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, avait quant à lui évoqué un montant de 1.600 milliards d’euros pour relancer l’économie de l’Europe, soit 10% de son PIB. Selon lui, seule une stratégie globale européenne peut sauver l’ensemble des «écosystèmes» et des secteurs économiques.
Concernant les mesures mises en place au niveau national, Bruno Le Maire a rappelé que le fonds de solidarité avait déjà été sollicité par un million d’entreprises, dont 700.000 ont obtenu une aide allant jusqu’à 1.500 euros. Un montant qui devrait passer à 2.000 voire 5.000 euros pour celles qui éprouvent le plus de difficultés.
L’État aide les très petites entreprises, indépendants, micro-entrepreneurs, professions libérales face à cette crise du #COVID19 via le Fonds de solidarité. Plus d’un million d’entreprises ont déjà sollicité une aide pouvant aller jusqu’à 1500€. https://t.co/ntevIkNkhx
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) April 21, 2020
«Nous ne relancerons pas l’activité économique en augmentant les impôts», a-t-il promis. Il espère cependant que les 55 milliards d’euros épargnés par les Français durant le confinement (chiffres de l’OFCE) serviront à «reconstruire l’économie de la Nation et à la transition écologique».
À partir du 11 mai, la plupart des secteurs pourront reprendre leurs activités, mais ce ne sera pas le cas des hôtels, bars et restaurants, les plus touchés par les mesures de confinement. Le gouvernement souhaite conserver «une société de certaine distanciation sociale», a justifié le M. Le Maire. Il affirme cependant que des mesures de soutien spécifiques à ce secteur devraient être discutées vendredi 24 avril avec Emmanuel Macron.
Les restaurateurs sont particulièrement inquiets à ce propos. En effet, Jacques Bally, président du guide Gault & Millau, avait averti dans Le Monde la semaine dernière que «25% des restaurants sont menacés de fermeture définitive».