Le président Emmanuel Macron est en Bretagne mercredi pour soutenir la filière agricole et alimentaire frappée par l’épidémie, mais sans ses ministres qui rendent leurs copies sur le déconfinement le même jour à Paris.

Ce nouveau déplacement du chef de l’Etat « a pour objectif de saluer la mobilisation du monde agricole pour assurer l’alimentation des Français durant la crise du Covid-19 », a expliqué l’Elysée.

Depuis le début de la crise, l’exécutif insiste sur le fait que la France est préservée de la pénurie grâce à la richesse de sa production agricole et agroalimentaire, en « deuxième ligne » dans la « guerre » contre le coronavirus.

Emmanuel Macron doit prolonger ce déplacement en participant jeudi à une visioconférence avec des représentants de la restauration commerciale et de l’hébergement touristique, également très affectés.

Il prendra la route de la Bretagne après un conseil des ministres, occasion d’un premier tour de table sur les mesures à prendre en vue du déconfinement annoncé pour le 11 mai.

Les différents ministres concernés doivent remettre à Matignon une première mouture de leurs plans sectoriels, qui seront intégrés d’ici la fin du mois dans un projet global aux allures de casse-tête pour l’éducation, les transports ou les entreprises.

Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, particulièrement attendu, a détaillé mardi ses pistes pour une reprise progressive de l’école à partir du 11 mai, sans toutefois lever les inquiétudes des syndicats enseignants.

Ce retour à l’école, attendu avec impatience par nombre de parents depuis le début du confinement le 16 mars, sera étalé sur trois semaines par niveaux de classe, avec des groupes de 15 élèves au maximum.

Les enseignants restent toutefois inquiets. « On n’a pas encore compris si on aurait des masques, si les enfants en auraient, comment on mettra en place la distanciation, 15 dans une classe ça peut être beaucoup », a ainsi souligné Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.

Car le contexte sanitaire reste toujours aussi incertain. Ainsi, selon des estimations de l’Institut Pasteur, seuls 6 % des Français auront été infectés par le coronavirus le 11 mai. C’est selon les spécialistes un niveau très insuffisant pour éviter une deuxième vague épidémique si toutes les mesures étaient intégralement levées après cette date.

Le gouvernement affiche donc une stratégie de tests « massifs » (500 000 par semaine) pour pouvoir isoler les malades à la sortie du confinement.

Le bilan de l’épidémie reste élevé avec 20 796 morts, dont 531 enregistrés en 24 heures.

En première ligne dans la lutte contre l’épidémie, les médecins déplorent deux nouveaux décès, deux généralistes de Seine-Saint-Denis et du Nord, soit au total neuf médecins en activité emportés par le coronavirus.

Le retour à la normale est encore loin et certains quartiers en Ile-de-France ou en province s’impatientent.

Dans le Grand Est, quatre personnes ont été interpellées dans la nuit de lundi à mardi après des échauffourées à Strasbourg, et une voiture de police a été incendiée à Belfort. En banlieue parisienne, l’accident d’un motard samedi soir à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) impliquant un véhicule de police a provoqué des tensions ces dernières nuits dans plusieurs communes.

Ces incidents ont incité Marine Le Pen à réclamer la « neutralisation des racailles », accusant « l’Etat macronien » d’avoir offert un « renfort insensé » à la délinquance en « libérant des milliers de détenus ».

Le déconfinement se fait aussi à l’Assemblée nationale où 75 députés ont obtenu de revenir siéger au Palais Bourbon, et engager un plan de « reprise progressive ».

Le Sénat, de son côté, a entamé mardi l’examen du deuxième projet de loi de finances rectificative, avec une enveloppe de 110 milliards d’euros pour soutenir l’économie.

Le gouvernement cherche à ce que « personne ne soit laissé de côté » parmi les entreprises, alors que « l’économie est entièrement à l’arrêt ou presque », et sous la menace de « l’effondrement des prix du pétrole », a souligné le ministre de l’Economie Bruno Le Maire au coup d’envoi des échanges.

Un plan qui ne suffira peut-être pas, a prévenu son collègue de Bercy Gérald Darmanin, face à une crise qui pourrait dépasser les prévisions pourtant déjà catastrophiques d’un effondrement du produit intérieur brut (PIB) de -8% cette année.

Le secteur de la presse, comme beaucoup d’autres, est frappé de plein fouet par la crise: le quotidien régional Paris-Normandie a été placé mardi en liquidation judiciaire avec prolongation d’activité et le principal distributeur, le groupe Presstalis, a de son côté déposé le bilan, sans conséquence immédiate, toutefois, sur son activité.

En dépit de ce marasme économique, le gouvernement est resté ferme: il n’y aura pas de vente de muguet le 1er mai et les fleuristes resteront fermés, au grand dam des professionnels du secteur.