« Merci d’avoir nourri le pays »: Emmanuel Macron a passé l’après-midi mercredi dans une serre de tomates puis un supermarché du Finistère, afin de rendre hommage à toute la chaîne de « la ferme France », symbole de la « deuxième ligne » de la « guerre » contre le coronavirus.
Le chef de l’Etat a d’abord arpenté les allées des vastes serres de tomates de l’exploitation des frères Roué, à Cléder. Arrivé sans masque, il a discuté avec les exploitants et des salariés, à bonne distance.
« Merci à la ferme France. Elle a tenu. On peut en être fier. J’espère que nos concitoyens vont être réconciliés avec ce beau métier qui est celui de nourrir la nation », a-t-il dit en allusion à « l’agri-bashing » visant une partie de la profession ces derniers mois.
Thierry et Jean-Marc Roué, qui exploitent sans pesticides 4,5 hectares de serres pour une production de quelque 2.500 tonnes, emploient une trentaine de personnes et ont recruté via la plateforme « Des bras pour ton assiette », lancée par l’Association nationale des employeurs agricoles et appuyée par les pouvoirs publics.
« La crise du Covid n’a pas d’impact sur notre marché jusqu’à présent », selon Jean-Marc Roué. Les exploitants ont plaidé pour une mise en valeur de la production française et critiqué les distributeurs qui ne jouent pas le jeu.
A deux mois de l’été, les agriculteurs français de nombreuses régions subissent d’ores et déjà un épisode de sécheresse qui met en péril leurs exploitations, ont averti mercredi la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, qui réclament des mesures d’urgence, notamment pour soutenir les éleveurs.
« Le citoyen, quand il est consommateur ne doit pas oublier d’être citoyen. Il faut se poser la question, d’où vient ce qu’on a dans l’assiette », a lancé le chef de l’Etat, pour qui la crise va susciter une prise de conscience.
« Je ne suis ni nationaliste ni protectionniste, a-t-il dit, mais si on veut retrouver le contrôle de nos vies, il faut redonner du sens à ce qu’on fait collectivement. Cela ne veut pas dire fermer les frontières, mais on a parfois accepté des choses incohérentes au nom d’une mondialisation accélérée », a ajouté M. Macron qui, depuis le début de la crise, met l’accent sur la nécessité de retrouver une France et une Europe plus souveraines.
Le chef de l’Etat s’est ensuite rendu dans un Super U de Saint-Pol-de-Léon, saluant caissières et employées dans les rayons clairsemés. « Vous faites preuve d’un formidable sens du devoir », leur a-t-il dit.
M. Macron a aussi décrit l’après 11 mai comme « une deuxième étape dont on ne sait pas combien de temps elle va durer, qui sera progressive, concertée, parfois lente, peut-être différenciée selon les secteurs d’activité ou selon les régions plus ou moins impactées ».
« Je trouve ça très bien qu’il vienne saluer les caissières. Ce sont des fourmis qu’on ne voit pas », a commenté une employée. Les caissières étaient équipées de visières qu’elles n’avaient reçues que la veille.
A la salariée d’une Ehpad lui signalant le manque de masques dans son établissement, Emmanuel Macron a promis: « Ils arrivent ».
Un peu plus tôt, il avait assuré à des journalistes que la France allait produire « plusieurs millions de masques grand public par semaine, à capacité de filtration très élevée », homologués par l’Afnor. Il a précisé au passage que l’Etat allait soutenir la relance d’une usine de masques située à Plaintel, dans les Côtes d’Armor, qui attendait un feu vert.
La venue du chef de l’Etat a suscité des critiques. Les services municipaux ont effacé quelques tags hostiles près du Super U et les syndicats CGT et Sud/Solidaires ont critiqué ce déplacement effectué en plein confinement.
Depuis le début de la crise sanitaire, l’exécutif insiste sur le fait que la France est préservée de la pénurie grâce à la richesse de sa production agricole et agroalimentaire, en « deuxième ligne » dans la « guerre » contre le coronavirus.
Mais près de la moitié du poulet, des fruits et des légumes consommés en France sont importés, ce qui a relancé le débat sur la souveraineté alimentaire.