L’opposition arménienne demande des explications sur les pourparlers

Les dirigeants de l’opposition arménienne ont exigé hier que le Premier ministre Nikol Pashinyan commente personnellement la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov selon laquelle Erevan et Bakou « discutent activement » de propositions de paix appelant à des concessions territoriales arméniennes à l’Azerbaïdjan.

Lavrov a déclaré mardi qu’il les avait présentés à ses homologues arménien et azerbaïdjanais lors d’une réunion trilatérale tenue à Moscou il y a un an. Il a expliqué que les propositions envisagent un règlement progressif du conflit du Haut-Karabagh qui commencerait par le retrait arménien de « plusieurs districts autour du Karabagh ».

Le ministre des Affaires étrangères Zohrab Mnatsakanian a implicitement nié cela. Il a insisté sur le fait que ces deux dernières années, les parties en conflit n’ont fait qu’échanger des vues sur « certains éléments » des accords de paix proposés par les médiateurs russe, américain et français.

Les assurances de Mnatsakanian n’ont pas satisfait les deux partis d’opposition représentés au Parlement arménien. Leurs principaux représentants ont dénoncé le fait que la déclaration de Lavrov allait à l’encontre des affirmations répétées de Pachinian selon lesquelles aucun accord de paix au Karabagh n’était à l’ordre du jour des pourparlers arméno-azerbaïdjanais tenus depuis qu’il est au pouvoir.

« Avec tout le respect que je dois à mon bon ami Zohrab Mnatsakanian, je dois dire que sa réponse était absolument inadéquate, a commenté Naira Zohrabian du parti Arménie Prospère. Il n’a pas répondu à la question la plus sérieuse et la plus importante : de quelles négociations actives parlent-ils ? »

« Il est très important que le Premier ministre Nikol Pashinyan réagisse également », a pour sa part déclaré le chef du Lumineuse Arménie, Edmon Marukian. « Nos fonctionnaires disent qu’il n’y a que des discussions, pas des négociations, tandis que Lavrov dit qu’il y a des négociations et qu’elles se concentrent sur un document particulier. »

Marukian a ajouté qu’Erevan devrait non seulement « fournir des explications à notre public » mais également « exiger des explications de la part de la Russie ».

Ruben Rubinian, président progouvernemental d’une commission parlementaire des Affaires étrangères, a toutefois insisté sur le fait que la réponse de Mnatsakanian était suffisamment bonne : « Il a dit la vérité hier ».

Dans une déclaration conjointe publiée en mars 2019, les médiateurs ont réitéré qu’un règlement du Karabagh devait impliquer « le retour des territoires entourant le Haut-Karabagh sous contrôle azerbaïdjanais ; un statut provisoire pour le Haut-Karabagh offrant des garanties de sécurité et d’autonomie gouvernementale ; un couloir reliant l’Arménie au Haut-Karabagh ; détermination future du statut juridique définitif du Haut-Karabagh par une expression de volonté juridiquement contraignante. »

Cette formule est au cœur de divers accords-cadres de paix élaborés depuis 2007 par les coprésidents américain, russe et français du groupe de Minsk de l’OSCE.

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