La Camargue, une terre riche de ses traditions

Et si, une fois le confinement passé, vous partiez en Camargue, une terre chamarrée et accueillante où l’homme est un animal comme les autres.

Pas de chance : distanciation oblige, vous n’aurez pas droit aux trois bises de rigueur, et pas une de moins, par lesquelles, en Camargue, on salue avec des mots qui chantent tout nouvel arrivant. Mais cela ne gâchera pas pour autant la chaleur de l’accueil de ceux que vous croiserez, à pied ou à cheval, lorsque vous aurez franchi le pont sur le grand Rhône à Arles, ou celui du Sauvage sur le petit Rhône en venant d’Aigues-Mortes.

Vous serez alors forcément saisi par ce sentiment que vous arrivez ailleurs, loin de tout, dans un endroit où la terre, le ciel et l’omniprésence des marais se rejoignent et se confondent. Un delta, disent les géographes, ou plutôt une île, entre deux bras du Rhône, tant ceux qui y habitent ont su jalousement préserver leur fierté, leur personnalité et leurs traditions.

Si vous n’avez jamais vu la fière silhouette de l’église forteresse des Saintes-Maries-de-la-Mer se découpant sur un ciel bleu profond comme le font les personnages des ombres chinoises ; si vous n’avez jamais eu l’occasion de voir le gracile ballet des flamants roses fouillant inlassablement le fond de l’eau à la recherche de ces minuscules coquillages qui donnent sa couleur à leur plumage ; si vous n’avez jamais eu l’occasion d’être impressionné par la tache fauve que font dans les roseaux les toros à moitié sauvages ; si, enfin, vous rêvez de caresser, voire de monter, ces chevaux blancs qui caracolent dans les marais et sur le dos desquels vous débusquerez des hérons cendrés ou d’élégantes avocettes au bec noir, alors, n’hésitez plus, la Camargue vous attend cet été.

Certes, ces temps d’épidémie l’empêchent, vous ne pourrez sans doute pas assister cette année à l’une de ces ferrades au cours desquelles les gardians marquent du nom de leur propriétaire les veaux de l’année. Vous ne pourrez peut-être pas non plus regarder dans les rues du village aux maisons blanches et volets bleus comme le ciel passer une abrivado : ce moment où les cavaliers d’une manade, c’est-à-dire d’un élevage, entourant fermement les deux ou trois toros qu’ils amènent aux arènes, galopent pour empêcher des gamins intrépides de leur tirer la queue pour les faire s’échapper.

Aucun destin tragique n’attend d’ailleurs les bêtes que l’on emmène ainsi aux arènes, mais un jeu, la course camarguaise. Il consiste pour de jeunes gens particulièrement agiles, que l’on nomme raseteurs, à aller décrocher une cocarde entre les cornes de ceux que l’on appelle des « bious ». Des toros qui deviennent parfois des légendes. Ailleurs, on dresse des statues aux grands hommes disparus. En Camargue, on les érige pour les « bious » qui ont été particulièrement vifs et combatifs. Comme celles de « Vovo » et de « Garlan », ces toros dont la statue s’élève devant les arènes des Saintes-Maries-de-la-Mer, capitale de la Camargue.

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