Des organisations de défense de la liberté de la presse dénoncent dans un rapport publié mercredi une hausse des intimidations envers les journalistes en Europe, pointant notamment la difficulté de couvrir le mouvement des « gilets jaunes » en France.
Ce rapport annuel des organisations partenaires de la Plateforme du Conseil de l’Europe pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes conclut à « une tendance accrue au recours à l’intimidation » et à une situation de la liberté des médias « très insatisfaisante » en 2019 en Europe.
Fin 2019, « 105 journalistes au moins se trouvaient derrière les barreaux en Turquie, en Azerbaïdjan, en Fédération de Russie et sur le territoire ukrainien de Crimée sous contrôle russe », notent les auteurs.
Deux journalistes ont également été tués au cours de l’année dans des États membres du Conseil de l’Europe, Lyra McKee pendant qu’elle couvrait une émeute en Irlande du Nord et Vadym Komarov lors d’une agression en Ukraine.
Appropriation étatique ou oligarchique des médias, surveillance intrusive, cyber-attaques ciblées, fermeture de médias et de portails en ligne critiques, harcèlement judiciaire et administratif de journalistes, lois contre les « fake news » dissimulant la censure: le contrôle politique de l’information se renforce par différents biais.
Si le rapport épingle la Russie, l’Azerbaïdjan, Malte, la Serbie, la Bulgarie ou encore la Turquie – qui demeure un pays « extrêmement répressif pour la presse » malgré la baisse du nombre de journalistes emprisonnés -, la France n’est pas exempte de critiques.
« En 2019, la France a enregistré une augmentation notable des violences à l’égard de professionnels des médias qui couvraient des mouvements de protestation contre la politique du gouvernement », comme ceux des « gilets jaunes », pointe la plateforme, dont fait partie Reporters sans frontières.
« De nombreux journalistes ont été victimes de menaces ou d’agressions de la part des forces de l’ordre », déplorent les auteurs du rapport, jugeant problématique « l’utilisation fréquente par la police de lanceurs de balles +de défense+, de grenades de désencerclement ou de grenades lacrymogènes explosives et d’autres armes dites non létales ».
Ils soulignent en outre qu' »en droit français, les plaintes déposées à l’encontre de membres des forces de l’ordre sont d’abord instruites par l’IGPN ou l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), ce qui a pour effet de retarder l’engagement éventuel de poursuites concernant bon nombre d’agressions physiques ».