Hélène Carrère d’Encausse, historienne française spécialiste de la Russie, a cité, dans une interview au Figaro, deux points sur lesquels les Russes sont différents des Français. C’est «un sens aigu de l’Histoire» et «la conscience de la mort».
Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, a énuméré dans une interview exclusive accordée au Figaro les différences qui existent entre les Russes et les Français. Il y en a deux, selon elle.
Les Russes, estime-t-elle, «ont un sens aigu de l’Histoire peut-être parce que le XXe siècle leur a été si tragique et ils ont conservé la conscience de la mort».
«Toute la littérature russe en témoigne, poursuit Mme Carrère d’Encausse. Le christianisme orthodoxe aussi qui place si visiblement la résurrection, donc la mort, au cœur de la foi. En Russie, la mort est visible, ne serait-ce que dans la manière d’enterrer. Le cercueil reste ouvert jusqu’à la dernière minute, le mort est présent pour un dernier adieu.»
Quant aux Européens, «nous avons perdu le sens de la mort ou plutôt nous nous sommes débarrassés de la mort», dit-elle. «Dans le monde moderne on ne meurt pas, on « part », on s’efface. Le mot même de mort disparaît au profit de décès, qui remplace une réalité charnelle par un constat administratif».Cela explique, concède-t-elle, cet effroi qui saisit les Français face aux nombreux décès dus au Covid-19. «La mort est là, à nouveau, et cette réapparition nous scandalise et nous terrifie».