La disparition du journaliste Ibraimo Mbaruco dans le nord du Mozambique, en proie à une insurrection islamiste, nourrit les pires craintes de ses collègues, qui soupçonnent l’armée.
Depuis plusieurs années, Ibraimo Mbaruco traitait, pour une radio publique, l’actualité de la ville de Palma, non loin de la frontière entre le Mozambique et la Tanzanie. En quelques années, ce bourg de pêcheurs tranquille de la province du Cabo Delgado s’est mué en quartier général de géants américain ou français qui s’apprêtent à exploiter les énormes gisements de gaz sous-marins enfouis au large de ses côtes.
La région abrite aussi, depuis deux ans et demi, une guérilla jihadiste meurtrière qui prétend, sous la bannière du groupe Etat islamique, faire de cette zone à majorité musulmane un nouveau califat.
Ibraimo Mbaruco, qui était un des rares journalistes à suivre l’actualité chaotique de cette région, a été vu pour la dernière fois par des témoins le 7 avril 2020 vers 18h00, alors qu’il quittait sa radio pour rentrer à son domicile à Palma. Quelques minutes plus tard, il a envoyé un texto à l’un de ses collègues pour l’informer qu’il était « encerclé par des soldats ». Depuis, plus rien. Plus personne ne l’a revu et son téléphone est resté muet. Ses collègues et les ONG de défense de la liberté de la presse ont vite soupçonné les forces de sécurité.