Le confinement prolongé au Royaume-Uni

A contre-courant de nombre de ses voisins européens qui allègent sensiblement leurs dispositifs, le Royaume-Uni va prolonger son confinement lié au nouveau coronavirus, tandis que la peur d’un rebond de la pandémie envahit la planète, des foyers ressurgissant, notamment à Séoul et Wuhan.

Malgré les « progrès » selon lui réalisés dans son pays, le deuxième le plus endeuillé du monde (plus de 31 800 morts), le Premier ministre britannique Boris Johnson, lui-même un rescapé du Covid-19, a jugé dimanche que ce n’était « pas le moment, cette semaine, de mettre fin au confinement » décrété fin mars.

Les restrictions imposées devront même désormais y rester en vigueur au moins jusqu’au 1er juin, le dirigeant conservateur espérant pouvoir rouvrir magasins et écoles primaires « au plus tôt » au début de ce même mois et certains bars et restaurants dès les premiers jours de juillet.

En outre, « une quarantaine pour les personnes » qui entrent au Royaume-Uni en avion devrait bientôt être instaurée.

Eprouvant de la « joie », mais aussi de « l’appréhension », la France et une partie de l’Espagne vivaient en revanche dimanche leur dernier jour de confinement.

Deux mois qu’ils attendaient cela ! Dans ces deux pays qui ont payé parmi les plus lourds tributs en termes de morts recensées, la majeure partie des habitants vont pouvoir renouer avec un semblant de vie sociale et un minimum de liberté de mouvement, comme les Chinois, les Italiens ou les Allemands avant eux.

« On navigue entre plus de libertés, ce qui nous rend heureux, mais aussi beaucoup d’incertitudes qui peuvent générer du stress », confient Clément Darras et Olivia Guarino, un couple de trentenaires parisiens.

Près de cinq mois après son apparition en Chine fin 2019, le Covid-19, qui a contaminé plus de quatre millions de personnes dont quelque 280 000 sont mortes, a conduit au confinement de plus de la moitié de l’humanité et mis l’économie mondiale à genoux paraît sous contrôle dans un nombre croissant de pays.

Mais le spectre d’une deuxième vague, voire d’une troisième, brandi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est omniprésent.

La ville de chinoise de Wuhan, où le virus avait commencé à frapper, est venue le rappeler : les autorités y ont annoncé dimanche un nouveau cas, après plus d’un mois de répit à la suite d’un confinement draconien.

En Corée du Sud, où la progression du virus avait également été stoppée, la capitale Séoul a dû de son côté ordonner la fermetures des bars et des discothèques, après de nouveaux cas de Covid-19.

Ce nouveau foyer « fait prendre conscience que ce genre de situation peut se présenter n’importe quand », a souligné dimanche le président sud-coréen Moon Jae-in. « Ce ne sera pas fini avant que ce soit vraiment fini », a-t-il martelé.

Egalement citée en exemple, l’Allemagne a pour sa part vu le seuil critique de 50 nouvelles contaminations pour 100 000 habitants être franchi dans trois cantons.

Dans ce pays, où la Bundesliga, le championnat de football, doit en principe reprendre dans les prochains jours, bars et restaurants ont rouvert dès samedi dans l’Etat régional de Mecklembourg-Poméranie antérieure, sur les bords de la Baltique.

En France, où une réouverture controversée des écoles a été prévue par le gouvernement, trois foyers épidémiques ont été détectés dans l’ouest, dont l’un après une réunion de… préparation de la rentrée.

« Grâce à vous, le virus a reculé. Mais il est toujours là. SAUVEZ DES VIES RESTEZ PRUDENTS« , a tweeté en début de soiré le président Emmanuel Macron.

Afin de limiter les risques de propagation, seule une partie de l’Espagne sera déconfinée. Plusieurs grandes villes, comme Madrid et Barcelone, restent soumises à de sévères restrictions.

Au cours des dernières 24 heures, ce pays a officiellement comptabilisé 143 morts du Covid-19, le bilan le moins élevé depuis le 18 mars, loin du maximum de 950 début avril.

Même chose en France, avec 70 morts supplémentaires annoncées dimanche soir, un plus bas depuis la mise sous cloche de sa population le 17 mars.

Le déconfinement y sera modulé entre régions « vertes » et « rouges », comme Paris, où les autorités appellent à la plus grande vigilance. Partout, le masque sera obligatoire dans les transports publics et les gestes barrières de rigueur.

Plusieurs autres pays vont également accélérer leur levée des restrictions lundi.

En Turquie, les personnes de plus de 65 ans ont bénéficié dimanche pendant quatre heures de leur première autorisation de sortie depuis le 21 mars. « C’est comme si nous étions en vacances à partir de 11 heures aujourd’hui. Nous sommes très heureux », dit Umit Avci, 81 ans, à Istanbul.

A l’opposé, la Russie, avec plus de 10.000 cas par jour, a dû renforcer son dispositif. Les 200.000 cas y ont été atteints.

Les chiffres aux Etats-Unis, pays le plus endeuillé de la planète avec près de 80.000 morts, connaissent un fléchissement, avec 776 décès enregistrés dimanche, soit le bilan quotidien le plus bas depuis mars. Depuis plusieurs semaines, il y avait entre 1.000 et 2.500 morts chaque jour.

Quant à Donald Trump, il voit le virus se rapprocher de son entourage. Katie Miller, la porte-parole du vice-président Mike Pence, a été testée positive.

Et trois membres de l’équipe anticoronavirus de la Maison Blanche, dont l’épidémiologiste Anthony Fauci, vont rester en isolement après de possibles expositions.

Le maire de New York Bill de Blasio a quant à lui fait part dimanche de sa « grave inquiétude » concernant une augmentation des cas d’un syndrome touchant les enfants que les scientifiques pensent être lié au nouveau coronavirus.

En Amérique du Sud, le Brésil déplore à lui seul officiellement la moitié des plus de 20.000 morts du sous-continent, un chiffre que des experts jugent très sous-évalué. Ce qui n’a pas empêché son président, Jair Bolsonaro, de faire du jet-ski sur un lac de Brasilia, selon le média en ligne Metropoles.

En Iran, pays le plus endeuillé du Moyen-Orient avec 6.500 décès recensés, la réouverture des commerces s’accompagne déjà d’une hausse des contaminations. Celle-ci « est en partie due (…) aux gens qui vont faire du shopping », a assuré Massoud Mardani, du ministère de la Santé.

Quant aux Belges, il ont pu recommencer dès ce dimanche de fête des mères à recevoir quatre personnes à leur domicile. « Nous avons sorti au jardin notre plus grande table et cela afin de garder malgré tout cette sacrée distanciation sociale entre chaque convive », raconte Patrick Rodriguez, un marchand de journaux de Bruxelles.

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