L’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a décidé de se replier de deux à trois kilomètres de toutes les lignes de front de la capitale Tripoli à partir de mercredi 20 mai minuit, a annoncé leur porte-parole, indiquant que cette décision était destinée à faciliter les mouvements de la population pour la fin du ramadan.
Ahmed al-Mismari a appelé les forces du gouvernement d’entente nationale (GEN), lequel est reconnu par la communauté internationale, à faire de même – sans préciser si la décision de l’ANL serait liée à celle du GEN.
Cette annonce survient deux jours après la perte d’un bastion important de l’ANL, qu’elle contrôlait depuis 2014. Les forces pro-gouvernementales ont pris lundi le contrôle de la base aérienne de Watiya, leur plus important succès en un an. Il s’agissait de la seule base aérienne de l’ANL à proximité de la capitale.
Pour Hamish Kinnear, un analyste pour l’institut de recherche Verisk Maplecroft, cette prise de contrôle par le GEN représente un « nouveau coup dur » pour les forces du maréchal Haftar, après la perte des villes de Sorman et Sabratha le mois dernier.
Forts d’un soutien turc de plus en plus important, les pro-GEN ont pris il y a quelques semaines d’importantes villes côtières à l’ouest de Tripoli, avant de cerner la base aérienne d’Al-Watiya, à 140 km au sud-ouest de Tripoli.
Plongée dans le chaos depuis 2011, la Libye est divisée en deux camps rivaux entre le GEN dirigé par Fayez el-Sarraj, qui siège à Tripoli et qui est reconnu par la communauté internationale, et un gouvernement parallèle soutenu par Khalifa Haftar, dans l’est du pays.
L’ANL, qui tient l’est libyen, a lancé il y a plus d’un an une offensive pour s’emparer de Tripoli.
Au fil des mois, les ingérences étrangères ont exacerbé le conflit, avec les Émirats arabes unis et la Russie soutenant le camp Haftar, et la Turquie celui du GNA.
Malgré les efforts déployés par l’émissaire spécial de l’ONU Ghassan Salamé – qui a démissionné début mars – et les différentes médiations internationales, aucun cessez-le-feu durable n’a pu être obtenu depuis près d’un an et le début de l’offensive d’Haftar, en avril 2019, sur Tripoli.
Depuis le début du conflit en avril 2019, les violences ont fait des centaines de morts et poussé à la fuite quelque 200 000 personnes.