Le président russe Vladimir Poutine a rejeté hier les appels persistants de l’Arménie et de la Biélorussie pour fixer des tarifs énergétiques uniformes pour tous les pays de l’Union économique eurasienne (UEE), ce qui réduirait le coût du gaz naturel russe qu’ils importent.
Les deux ex-républiques soviétiques fortement tributaires du gaz russe ont fait pression pour la création d’un marché unique de l’UEE pour le gaz naturel et d’autres combustibles. Cela signifierait essentiellement les mêmes prix du gaz pour la Russie exportatrice de gaz et les quatre autres membres du bloc commercial dirigé par la Russie. Le prix du gaz russe pour les consommateurs domestiques a toujours été nettement inférieur à celui de l’Arménie et même de la Biélorussie.
Le Premier ministre Nikol Pachinian a insisté sur l’idée de tarifs uniformes du gaz lors d’une vidéoconférence avec les présidents de la Russie, de la Biélorussie, du Kazakhstan et du Kirghizistan.
« Un marché unique pour les ressources énergétiques fonctionnant selon des principes non discriminatoires doit être l’un des fondements de notre intégration, a-t-il expliqué. Un progrès qualitatif dans les processus d’intégration est impossible sans cela. Il est impossible d’assurer des conditions économiques égales à tous les participants de l’union sans ce marché unique. »
Poutine a rejeté l’idée, justifiant cela par le fait qu’Erevan et Minsk devraient accepter une intégration économique encore plus profonde avec Moscou avant de lui demander cela.
« En ce qui concerne un tarif commun pour les expéditions et le transit de gaz proposé par nos amis arméniens et biélorusses, nous pensons qu’il ne peut être introduit que dans un marché unique plus large, avec un budget unique et un système fiscal unique, a-t-il commenté. Comme nous le savons très bien, un niveau d’intégration aussi profond au sein de l’UEE n’a pas encore été atteint. »
« En attendant, les prix du gaz doivent être fixés en fonction des conditions du marché. Je tiens à souligner, mes chers collègues, qu’il s’agit d’une pratique internationale courante », a ajouté M. Poutine.
Les dirigeants du Kirghizistan et du Kazakhstan, riches en hydrocarbures, ont semblé se rallier à l’avis de Poutine sur cette question.
Nikol Pachinian et le président biélorusse Aleksandre Lukachenko ont affirmé que Moscou devrait réduire les prix du gaz livré aux pays de l’UEE également en raison de l’effondrement récent des prix mondiaux de l’énergie lié au coronavirus. M. Loukachenko s’est plaint le mois dernier que la Biélorussie paie désormais plus pour le gaz russe que les États membres de l’Union européenne.
Pour la même raison, le gouvernement arménien a exhorté fin mars le géant russe Gazprom à réduire son prix de gros du gaz pour l’Arménie.
Le gouvernement espère qu’une telle mesure empêcherait au moins une augmentation considérable des prix intérieurs du gaz arménien voulue par le réseau arménien de distribution de gaz appartenant à Gazprom. Le réseau Gazprom Arménie soutient qu’ils sont restés inchangés depuis que Gazprom a augmenté son tarif de gros de 10 % en janvier 2019. L’opérateur gazier a ainsi subi des pertes importantes.