Trump dénonce le traité « Ciel ouvert », accusant Moscou de le violer

Donald Trump a annoncé jeudi le retrait américain du traité « Ciel ouvert » (Open Skies en anglais) qui permet de vérifier les mouvements militaires et les mesures de limitation des armements des pays signataires, accusant la Russie de le violer.

 

C’est le troisième accord international dont le président américain décide de retirer les Etats-Unis, après le traité sur le programme nucléaire iranien, dénoncé en 2018 et le traité INF sur les missiles terrestres de moyenne portée, abandonné en 2019.

« La Russie n’a pas respecté le traité », a déclaré le président américain à la presse dans les jardins de la Maison Blanche avant son départ pour le Michigan où il doit visiter une usine pour montrer que l’économie américaine repart après la pause imposée par le coronavirus et le confinement.

« Donc tant qu’ils ne le respecteront pas, nous nous retirerons », a-t-il ajouté, confirmant ainsi des informations du New York Times.

M. Trump n’a pas fermé la porte à une renégociation de ce traité signé par 34 pays et entré en vigueur en 2002. « Je pense que ce qui va se passer, c’est que nous allons nous retirer et ils vont revenir et demander à négocier un accord », a-t-il dit. « Nous avons eu de très bonnes relations récemment avec la Russie. »

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie Mike Pompeo a précisé que Washington informerait officiellement les signataires du Traité de leur décision vendredi, ce qui ouvrira une période de six mois avant le retrait définitif des Etats-Unis de cet accord.

« Nous pourrions, cependant, reconsidérer notre retrait si la Russie revenait à un respect total du traité », a-t-il ajouté.

Selon un porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, la Russie « viole continuellement et de façon flagrante ses obligations selon le traité Open Skies et l’applique d’une façon qui menace les Etats-Unis, ainsi que nos alliés et nos partenaires ».

Il a notamment cité une interdiction aux avions alliés de s’approcher de plus de 500 km de l’enclave russe de Kaliningrad, située entre la Lituanie et la Pologne, et de dépasser de 10 km la frontière entre la Russie et la Géorgie.

« Nous remplissons nos obligations prévues par traité mais en cette époque de concurrence entre grandes puissances, nous cherchons à obtenir des accords qui bénéficient à toutes les parties et dont tous les signataires respectent leurs obligations », a-t-il précisé au cours d’un point de presse.

Selon des responsables américains cités par le New York Times, M. Trump s’était montré irrité lorsqu’un appareil russe avait survolé son terrain de golf de Bedminster, dans le New Jersey, en 2017.

Dans un communiqué, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Robert O’Brien, a souligné que les Etats-Unis « ne resteraient pas signataires de traités internationaux qui sont violés par les autres parties et qui ne sont plus dans l’intérêt de l’Amérique ».

Il a cité les deux traités dont les Etats-Unis se sont retirés récemment.

« Nous sommes prêts à négocier avec la Russie et la Chine sur un nouveau cadre de contrôle des armements qui aille au-delà des structures du passé qui datent de la Guerre Froide et qui permette de garder le monde sûr », a conclu M. O’Brien.

Cette décision a été vivement critiquée par l’opposition démocrate. C’est « une gifle pour nos alliés en Europe », ont estimé deux élus influents en charge du budget de la Défense, Adam Smith et Jim Cooper.

« Cette décision affaiblit notre sécurité nationale isole les Etats-Unis puisque le traité va se poursuivre sans nous et abandonne un outil utile pour surveiller la Russie », ont-il ajouté.

L’administration du président Donald Trump n’a aussi pour le moment pris aucun engagement de renouveler le traité russo-américain New Start conclu en 2010, qui vient à expiration début 2021 et qui est considéré comme le dernier accord nucléaire encore en vigueur, contenant les arsenaux des deux pays en dessous de leurs sommets de la Guerre froide.

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