Après deux semaines de boycott, le parti Arménie lumineuse retourne au parlement

Le parti d’opposition parlementaire Arménie lumineuse (LHK) a mis un terme lundi 25 mai à un boycott de deux semaines des séances du Parlement, tout en maintenant ses accusations visant l’alliance majoritaire Im Kayl (Mon pas), qui n’aurait pas renoncé selon lui à la violence pour répondre aux critiques.

Les députés de LHK avaient quitté l’Assemblée nationale le 8 mai après une violente empoignade impliquant leur leader Edmon Marukian et des députés d’Im Kayl du premier ministre Nikol Pachinian. L’un de ces députés, Sasun Mikaelian, avait donné un coup à E. Marukian alors que ce dernier s’exprimait à la tribune de l’hémicycle en présence de N. Pashinyan et des ministres de son gouvernement. N.Pashinian avait déploré cet acte de violence, mais en avait rejeté explicitement la responsabilité sur LHK et ses « provocations. »

Le parti d’E.Marukian l’avait alors accuse de ce fait de “justifier, légitimer et encourager” la violence contre ses opposants politiques, et avait demandé la démission de S. Mikaelian. L’alliance majoritaire avait rétorqué que S.Mikaelian ne démissionnerait du Parlement que si E.Marukian en faisait autant. Cette bagarre avait déclenché une enquête préliminaire du Service spécial d’enquête (SIS) d’Arménie, qui annonçait ce weekend qu’il ne pouvait incriminer aucune partie, car ni Marukian ni les autres députés impliqués dans l’empoignade du 8 mai n’avaient été blessés. Citant une décision “faisant jurisprudence” rendue par la Cour de Cassation en 2012, le SIS précisait qu’un “simple coup ne saurait être qualifié de violences”. Un argument rejeté lundi par le LHK, qui affirme que les images de l’incident montrent clairement que son leader a été frappé non seulement par Mikaelian mais par deux autres députés d’Im Kayl. Dans un communiqué, le parti d’opposition a aussi souligné que le SIS disposait d’assez de preuves pour porter des accusations en vertu d’un autre article du Code pénal relatif au “hooliganisme”.

E.Marukian a indiqué que la réponse des autorités au boycott du LHK montre qu’une répéition des violences du 8 mai est tout à fait possible. “Nous en avons tiré nos conclusions et retournerons au travail avec ces conclusions à l’esprit, et en sachant qu’à tout moment, quelqu’un pourra nous donner un coup par-derrière. Nous devons être prudents et regarder derrière nous et autour de nous”, a déclaré le leader de l’opposition lors d’une conférence de presse, en ajoutant : “Nous avons affaire à des gens qui sont capables de nous frapper par-derrière, des gens qui justifient la violence, des gens qui ne tolèrent pas les désaccords et les qualifient de provocations”, a matelé le leader du LHK.

Alen Simonian, un vice-président du Parlement et figure de proue d’Um Kayl, a réagi avec sarcasme à ces propos. “Les gens ont tout vu et savent qui est Edmon Marukian sur le plan politique”, a indiqué A.Simonian en ajoutant : “Les autorités ont condamné la violence et n’y ont jamais recours, même quand le peuple le demande”, un argument emprunté à Pachinian lui-même, qui ne manque pas une occasion de rappeler à l’opposition, le 19 avril encore, qu’il a eu la magnanimité de brider les pulsions de vengeance de la foule durant sa “révolution de velours”, et qu’il fait preuve d’une grande tolérance à l’égard de l’opposition contre laquelle il ne saurait recourir à la violence, même si elle n’est pas à l’abri de la vindicte publique.

Des commentaires qui ne manquent pas de saveur, quand on sait que leur auteur, A.Simonian, a la réputation d’avoir l’injure facile et la main leste. Peu avant l’altercation du 8 mai au Parlement, il avait défrayé la chronique en en venant aux mains, dans un parc d’Erevan, avec un activiste d’extrême droite, après un échange d’insultes, et dans l’enceinte même du Parlement, avait insulté le même E.Maroukian, ainsi qu’une députée de LHK qui s’était montrée trop critique envers le pouvoir, ce qui lui avait valu des injures sexistes pour lesquelles il avait dû ensuite s’excuser.