Un tiers des arrêts cardiaques en région parisienne sont liés au coronavirus

Selon une étude parue dans le journal The Lancet Public Health, seul un tiers environ des arrêts cardiaques «supplémentaires» enregistrés pendant cette période serait directement associé au coronavirus.

Le nombre d’arrêts cardiaques a doublé en région parisienne durant le pic de l’épidémie de Covid-19 avec une réduction de près de moitié de la survie des patients concernés, selon une étude publiée dans The Lancet Public Health.

Sur les neuf dernières années, le nombre d’arrêts cardiaques était resté stable dans Paris et sa banlieue (6,8 millions d’habitants), mais a fortement augmenté au cours des six premières semaines du confinement (du 17 mars au 26 avril) en particulier au pic de l’épidémie (du 23 mars au 5 avril).Ainsi, 521 arrêts cardiaques en dehors des hôpitaux ont été identifiés en région parisienne, soit 26,6 arrêts pour un million d’habitants. Entre 2012 et 2019, à la même période, ce taux était de 13,4 par million d’habitants.

Ces travaux s’appuient sur le registre francilien (Paris et Hauts de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) du Centre d’Expertise Mort Subite (Paris-CEMS).

«Le profil des patients est le même que d’habitude (2/3 d’hommes, autour de 69 ans)», indique à l’AFP Eloi Marijon du Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris (Inserm/Université de Paris) qui a mené l’étude avec sa collègue Nicole Karam, en collaboration avec Daniel Jost (Brigade des sapeurs-pompiers de Paris).

Le diagnostic de Covid-19 a été confirmé et/ou suspecté chez 299 patients inclus dans l’étude (admis vivants et/ou ayant développé un arrêt cardiaque devant témoins). 33% environ du surplus de décès observé est directement associé au Covid-19, selon les chercheurs.

Pour expliquer les autres deux-tiers, plusieurs hypothèses sont avancées (saturation du système de soins, médecine de ville peu ou pas accessible, stress…)«Il y a eu rupture du suivi médical des patients, parce qu’ils n’ont pas pu consulter, qu’ils ont craint de gêner, d’où un retard à l’appel, ou peur, pour certains, d’être contaminés à l’hôpital», détaille le Pr Marijon.

Une augmentation de l’incidence des arrêts cardiaques a été observée ailleurs, à New York, en Californie, et en Italie, en particulier en Lombardie, qui a été confrontée à une écrasante surcharge des soins de santé, donc dans un contexte différent de la région parisienne, souligne le chercheur.

Des cardiologues se sont déjà alarmés des dommages collatéraux de l’épidémie et du confinement en voyant arriver des patients atteints d’infarctus avec complications qui n’ont pas consulté pour des douleurs suspectes dans la poitrine.

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