La protection des civils, responsabilité collective, «doit être le fruit d’un effort conjoint des gouvernements, de la société civile, des organisations internationales et des autres parties concernées», a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dont les propos sont citées par la page de l’Organisation des Nations Unies.
Un tel effort conjoint est d’autant plus nécessaire à l’heure de la pandémie de Covid-19, a rappelé le Secrétaire général. « Alors que l’accès aux services et à la sécurité est réduit, et que certains dirigeants profitent de la pandémie pour adopter des mesures répressives, il est encore plus difficile d’assurer la protection des personnes les plus vulnérables, a fortiori dans les zones de conflit, où les civils étaient déjà très exposés », a-t-il déploré, soulignant notamment la vulnérabilité des réfugiés et des personnes déplacées chez qui des cas de Covid-19 ont été recensés au Bangladesh et au Soudan du Sud.
En mars, le chef de l’ONU avait lancé un appel à un cessez-le-feu mondial afin de lutter efficacement contre un coronavirus qui ne connaît aucune frontière. Deux mois après son appel, il n’a pu que constater que les témoignages de soutien au cessez-le-feu « n’ont pas été suivis d’effets ».
Son dernier rapport sur la protection des civils en période de conflit armé montre que peu de progrès ont été réalisés en faveur de la protection des civils et le respect du droit international en 2019. Plus de 20 000 civils ont été tués ou blessés l’année dernière dans seulement 10 conflits : en Afghanistan, en RCA, en Iraq, en Libye, au Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud, en Syrie, en Ukraine et au Yémen. « Or ce chiffre, qui ne porte que sur des cas vérifiés par l’ONU, ne représente qu’une fraction du nombre total de victimes », a dit le Secrétaire général.
En 2019, des dizaines de milliers d’enfants ont été forcés de prendre part à des conflits armés qui ont entraîné le déplacement de millions de personnes et demeurent la cause première de la faim dans le monde.
Le secrétaire général des Vations Unies a réitéré sa demande aux États de renforcer la protection des civils en période de conflit armé qui doit être axée autour de quatre actions :
1. Revoir et repenser leur approche des combats urbains, en s’engageant en faveur de la protection des civils dans leur doctrine, leur stratégie et leurs tactiques. Cela implique notamment de conditionner les exportations d’armes au respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme.
2. Alors que les drones armés sont de plus en plus utilisés pour mener des attaques dans de nombreux conflits armés, notamment en Libye et au Yémen, les États doivent réaffirmer la prépondérance du droit international sur leur utilisation.
3. Se pencher sur les implications juridiques, morales et éthiques du développement de systèmes d’armes létaux autonomes. « Mon intime conviction est que les machines qui ont la capacité et la liberté de tuer sans qu’aucun être humain n’intervienne doivent être interdites par le droit international », a dit M. Guterres.
4. Combattre l’utilisation malveillante des technologies numériques contre des infrastructures civiles essentielles. Plusieurs pays font état d’une augmentation des cyberattaques contre des établissements de santé, en pleine pandémie de Covid-19. « Nous devons faire davantage pour prévenir et mettre fin à ces nouvelles formes d’agression, qui peuvent gravement nuire aux populations civiles », a dit le chef de l’ONU.
Selon M. Guterres, « la protection des civils exige que nous fassions bien davantage pour faire appliquer le droit international et traduire en justice ceux qui agissent en violation de ce droit. Nous devons également faire plus pour prévenir, endiguer et résoudre les conflits ». Le Secrétaire général demeure convaincu que les solutions politiques durables restent le seul moyen de s’assurer que les civils sont à l’abri du danger.