Le président franaçais et le PM de l’Hexagone ont rencontré jeudi syndicats et patronat en quête de solutions pour « sauver l’emploi », durement touché par la récession liée à la crise du coronavirus, l’exécutif misant en parallèle sur le déconfinement en cours pour relancer l’activité.
« L’enjeu », a souligné la ministre du Travail Muriel Pénicaud à l’issue de la réunion, c’est de « sauver l’emploi », de « bâtir une nouvelle donne » pour préserver les compétences des salariés.
Parmi les annonces faites à l’issue de cette rencontre de près de trois heures avec les partenaires sociaux – la première en « présentiel » depuis le début de la crise : les entreprises qui recruteront un apprenti du 1er juillet au 28 février bénéficieront d’une aide élargie à l’embauche de 8.000 euros pour les majeurs et 5.000 euros pour les mineurs.
Alors que cette aide est aujourd’hui réservée aux entreprises de moins de 250 salariés et pour des diplômes au niveau inférieur ou égal au bac, le dispositif sera élargi jusqu’au niveau de la licence et à toutes les entreprises, ce qui représentera « un coût supplémentaire supérieur à un milliard d’euros », selon l’entourage de la ministre.
Autre point sur lequel l’exécutif était très attendu: la réforme contestée de l’assurance-chômage. Des discussions sur ce sujet vont s’ouvrir « dans les semaines qui viennent » avec les organisations syndicales et patronales en vue de parvenir à des décisions « d’ici l’été », a annoncé la ministre du Travail dans la cour de l’Elysée.
Ces échanges permettront de s’accorder sur « les critères ou les mesures à adapter pour tenir compte du contexte » de la crise, de même que sur la date d’application, a-t-on indiqué au ministère du Travail. Alors que toutes les organisations syndicales réclament l’annulation de cette réforme, dont le deuxième volet a été reporté au 1er septembre à cause de la crise, « les choses sont très, très ouvertes sur l’assurance-chômage », a précisé le ministère.
Les revendications syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et patronales (Medef, CPME, U2P, FNSEA) ont été nombreuses, voire divergentes, alors que les indicateurs macroéconomiques sont tous au rouge: le gouvernement anticipe une chute du PIB de 11 % cette année en raison du « choc économique extrêmement brutal » provoqué par l’arrêt quasi total de l’économie.
Le déficit public français va se creuser à 11,4 % du PIB cette année, contre 3 % en 2019, a annoncé jeudi Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics.
Plus de huit millions de personnes sont au chômage partiel et plus de six millions de demandeurs d’emploi ont été comptabilisés par Pôle emploi en avril, du jamais vu en France. Et la situation devrait s’aggraver: mardi, Mme Pénicaud a anticipé que la France « repasserait les 10 % » pour le taux de chômage, contre 8,1% avant l’épidémie.
Boussole de l’emploi, le secteur de l’intérim a plongé de 61 % en avril, selon des chiffres publiés jeudi par la fédération des entreprises du secteur.
Depuis mardi, le déconfinement a connu un coup d’accélérateur, avec la levée de l’interdiction de se déplacer à plus de 100 km de son domicile, ou encore l’ouverture partielle des cafés, restaurants et petites salles de spectacle. Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, a par ailleurs dit jeudi espérer que le protocole sanitaire puisse être assoupli « bientôt » dans les écoles.
L’épidémie de Covid-19 a franchi la barre des 29 000 morts en France, selon le bilan publié mercredi par la Direction générale de la santé. Au total, 13 514 personnes sont encore hospitalisées pour une infection liée au Covid-19, dont 1.210 en réanimation.
Plusieurs syndicats (CGT, FO, SUD, Unsa) et collectifs hospitaliers (Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux) ont appelé jeudi à une journée d’action nationale le 16 juin pour réclamer notamment des moyens supplémentaires et une revalorisation générale des salaires, en plein « Ségur de la santé » lancé par l’exécutif pour concrétiser le plan massif d’investissement et de revalorisation annoncé par Emmanuel Macron fin mars. Sans attendre, des soignants se sont de nouveau rassemblés par centaines jeudi devant des hôpitaux.
Le président avait souhaité que le 14 juillet soit l’occasion de rendre hommage aux soignants. L’Elysée a confirmé jeudi que ce serait le cas, au cours d’une cérémonie militaire place de la Concorde, qui remplacera, pour des raisons sanitaires, le traditionnel défilé sur les Champs-Elysées.