Environ 45 milliards pour soutenir les secteurs les plus fragilisés alors que la récession s’annonce terrible: le gouvernement présente mercredi en conseil des ministres un nouveau budget de crise.
Il s’agit du troisième projet de loi de finances rectificative (PLFR) élaboré depuis le début de la crise et il correspond au « deuxième temps de la réponse à la crise, » a affirmé mardi soir le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur RTL.
Après les plus de 400 milliards d’euros de mesures d’urgence prises dans les deux budgets précédents, ce nouveau budget rectifié va faire monter le soutien public à « 460 milliards » d’euros, a précisé le ministre.
Il comprend aussi les 8 milliards d’euros du plan pour l’automobile, les 600 millions pour la French Tech, les 15 milliards d’euros de soutien au secteur de l’aéronautique et les aides au secteur du livre.
S’y ajouteront des mesures en faveur du petit commerce et du bâtiment, a indiqué Bercy.
Pour ce dernier secteur, le gouvernement envisage notamment de compenser les surcoûts engendrés par les mesures sanitaires sur les chantiers.
« L’accent est mis sur des secteurs qui sont des marqueurs forts de l’économie française et qui concernent beaucoup d’emplois. Cela permet d’envoyer un signal positif pour soutenir la confiance des entrepreneurs et des ménages », estime Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas.
Alors que se profilent faillites et licenciements, le gouvernement va renforcer d’environ 5 milliards d’euros le dispositif de chômage partiel et va débloquer 1 milliard pour élargir les aides aux entreprises qui embauchent un apprenti.
Même si à Bercy, on défend une politique de soutien à « l’offre », ce budget intégrera aussi des aides exceptionnelles directes pour les 800.000 jeunes précaires de moins de 25 ans et les ménages les plus modestes.
Enfin, il doit entériner un soutien de 4,5 milliards d’euros de l’Etat pour les collectivités, au moment où leurs recettes fondent avec la crise et où leurs dépenses augmentent pour faire face à l’épidémie.
Au total toutefois, les dépenses budgétaires directes supplémentaires ne représenteront que 13 milliards d’euros, le reste étant des mesures de trésorerie (reports de charges, prêts garantis, etc.).
Mais le déploiement de ces aides suscite des critiques, certains secteurs s’estimant oubliés, comme l’agriculture ou les transports publics.
L’ONG environnementale Greenpeace regrette elle qu’à côté des plans pour l’automobile ou l’aérien, il y ait « toujours zéro pour la relance du ferroviaire », moins émetteur de gaz à effet de serre.
Outre ces plans d’aides, le gouvernement est contraint d’aggraver encore ses prévisions économiques pour cette année. Il table désormais sur une récession de -11%, contre 8% de baisse du PIB anticipée il y a seulement quelques semaines.
Les difficultés du secteur du tourisme devraient à elles seules amputer le PIB de quasiment un point cette année.
Conséquence: avec des recettes fiscales qui vont fondre de 27 milliards de plus par rapport à l’estimation déjà en baisse du précédent budget rectifié, le déficit devrait encore s’aggraver à 11,4% du PIB et la dette publique gonfler à 120,9%, estime le gouvernement.
Mardi, la Banque de France a elle tablé sur une chute d’environ 10% du PIB français cette année, pénalisé notamment par un recul de 9% de la consommation, effet mécanique de l’augmentation de l’épargne des ménages, qui devrait gonfler de 100 milliards d’euros.
Si la banque centrale envisage un rebond de l’activité dès le troisième trimestre, le patron du Medef, appelle lui dans un entretien aux Echos à accélérer le déconfinement et notamment à « réviser les protocoles sanitaires s’appliquant en entreprise ».
De son côté, le gouvernement souhaite mettre fin au 10 juillet à l’état d’urgence sanitaire, a annoncé Matignon mardi soir.