L’Irak et les États-Unis rétablissent leur dialogue

Après des mois de tirs de roquettes et de relations des plus froides, l’Irak et les États-Unis reprennent le dialogue, via une visioconférence organisée jeudi. Toutefois, aucune avancée n’est attendue avant longtemps.

Les relations entre l’Irak et les États-Unis se réchauffent. Les autorités des deux pays ont programmé une visioconférence ce jeudi 11 juin.

Ce retour au dialogue s’explique par l’arrivée d’un nouveau Premier ministre à Bagdad, l’ex-chef du renseignement Moustafa al-Kazimi, qui passe pour proche des Américains et de ses alliés arabes. Et surtout, pour le moment, les factions pro-Iran sont en retrait.

Mais la visioconférence ne sera que le début d’un long processus sans aucun changement radical en perspective, préviennent experts et responsables. Ensemble, des hauts fonctionnaires des deux pays font définir les grands sujets qui seront ensuite confiés à des comités pour des discussions au long cours.

« Les relations américano-irakiennes ne seront pas redéfinies en un jour », assure d’emblée Robert Ford, du Middle East Institute. Mais, « pour une fois, il y a les bonnes personnes, au bon endroit et au bon moment », poursuit cet ancien diplomate américain ayant lui-même pris part au dernier « dialogue stratégique » en 2008.

À l’époque, les États-Unis avaient établi les conditions de leur départ après avoir envahi l’Irak. Depuis, leurs troupes sont revenues, bien moins nombreuses, à la tête d’une coalition contre le groupe État islamique.

Plus de deux ans et demi après la « victoire » sur les jihadistes, les milliers de soldats américains en Irak seront de nouveau un sujet central. Car après une trentaine d’attaques à la roquette contre des Américains, l’assassinat en janvier par Washington du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien à Bagdad, le sentiment anti-Américains a de nouveau flambé. Une roquette s’est d’ailleurs abattue mercredi dans la zone verte de Bagdad, très protégée, où se trouvent des bâtiments gouvernementaux et diplomatiques, sans faire de victime.

Les députés chiites on également voté l’expulsion des soldats étrangers et Washington menacé de frapper des dizaines de sites paramilitaires.

Mais l’arrivée de Moustafa al-Kazimi a changé la donne. L’homme a pris les rênes d’un pays en pleine crise économique et qui réclame toujours justice pour quelque 550 manifestants tués dans la répression d’une révolte inédite.

Si son prédécesseur Adel Abdel Mahdi n’est jamais parvenu à décrocher une invitation à Washington, Moustafa al-Kazimi, en poste depuis un mois, a déjà son carton pour la Maison Blanche cette année, selon deux responsables gouvernementaux. « Il y avait un problème de confiance avec l’ancien cabinet, cela a changé », martèle l’un d’eux.

Dans ce climat, tous les sujets seront abordés jeudi, en premier lieu celui des soldats américains. « Pourrons-nous toujours faire voler des drones de surveillance ? Les Irakiens veulent-ils toujours nos informations? », s’interroge un haut-gradé américain de la coalition.

Déjà, la coalition n’est plus que sur trois bases irakiennes, contre une dizaine auparavant. Toutefois, une réduction drastique paraît hautement improbable tant la menace jihadiste reste présente, font valoir les autres pays de la coalition, suspendus au dialogue américano-irakien, pour lequel ils ne sont pas partie prenante.

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