Le ministre arménien de la santé affirme que le système sanitaire arménien peut encore faire face à l’épidémie

Plutôt alarmiste ces dernières semaines concernant la capacité du système de santé arménien de faire face à l’afflux de malades du coronavirus, le ministre arménien de la santé Arsen Torosian s’est voulu rassurant jeudi 11 juin, en soulignant que les autorités sanitaires arméniennes étaient toujours en mesure de faire face à la propagation continue du coronavirus, dont il venait d’annoncer dans le même temps qu’il avait provoqué la mort de 23 autres patients.

Le ministre de la Santé, qui semblait en porte à faux avec le premier ministre Nikol Pachinian, et s’était prononcé, pour épargner un système hospitalier en voie de saturation, en faveur d’un reconfinement dont le chef du gouvernement ne veut pas entendre parler, pour des raisons avant tout économiques, se serait donc rangé, du moins publiquement, aux arguments du dirigeant arménien, toujours plus critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire, mais aussi économique.

En annonçant le nombre de décès survenus au cours des dernières 24 heures, les autorités arméniennes ont précisé que 18, sur 23, seraient dus au seul coronavirus. Ces nouveaux décès portent à 245 le nombre officiel des personnes tuées par le COVID-19. Selon le décompte des morts du ministère arménien de la Santé, les 82 autres personnes infectées par le virus seraient décédées des suites de pathologies annexes ou connexes. Le ministère a aussi indiqué que 566 personnes avaient été testées positives au virus au cours des dernières 24 heures, portant à 14 669 le nombre total des cas confirmés dans le pays qui compte un peu moins de 3 millions d’habitants. Il avait fait état d’un léger ralentissement de l’épidémie en début de semaine.

A. Torosian a toutefois minimisé cette augmentation, en précisant que les autorités sanitaires avaient effectué un nombre plus important de tests du coronavirus mercredi. « Le pourcentage de tests positifs reste à peu près inchangé : 25 %, contre 24 % enregistrés la veille », a-t-il indiqué lors de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres à Erevan. A.Torosian a aussi souligné que seuls 32 des patients nouvellement infectés requièrent une hospitalisation et qu’ils recevront l’aide médicale appropriée. Il a mis en avant le fait qu’il restait. Plus important encore, il a déclaré qu’il y avait encore des lits de soins intensifs vacants dans les hôpitaux arméniens pour traiter les patients COVID-19. « Mon constat global est que la situation reste tendue … mais cette tension est palliée par l’accroissement de notre capacité (hospitalière – réd.) et nos traitements », a déclaré le ministre devant Nikol Pachinian et les autres membres du gouvernement.

Le ministre de la Santé avait mis en garde le 4 juin contre une saturation du système de santé telle qu’il ne serait plus possible pour les hôpitaux d’accueillir tous les citoyens infectés nécessitant un traitement urgent. N.Pachinian avait déclaré deux jours après que quelque 200 patients « attendaient d’être hospitalisés » faute d’un nombre suffisant de lits d’hôpitaux. Le ministère de la Santé avait annoncé peu après que plusieurs autres hôpitaux avaient rallié la lutte contre la pandémie, et que quelque 350 nouveaux lits d’hôpitaux attendaient les patients infectés par le coronavirus. Tout en affirmant que la crise du coronavirus dans le pays restait « sous contrôle », A. Torosian a souligné l’importance de durcir les règles visant à endiguer l’épidémie préconisée par le gouvernement arménien. N.Pachinian avait approuvé tout en soulignant que les sanctions seules ne pouvaient contraindre les Arméniens à appliquer les règles de distanciation sociale et d’hygiène, comme se laver les mains régulièrement ou porter un masque dans les lieux publics. Le gouvernement continuera donc son « dialogue » relatif au coronavirus avec le peuple, déclarait le chef du gouvernement. « Je continue à croire que les mesures administratives peuvent fonctionner si les actions punies par de telles mesures sont commises par 10 % ou au plus 20 % de la population, » a indiqué le premier ministre. « Mais si de telles actions excèdent les 20 %, 30% ou 40 %, il n’y a aucune instance administrative dans le monde qui puisse garder la situation sous contrôle avec de telles méthodes », a-t-il ajouté.

N.Pachinian avait fait valoir le même argument le 6 juin lorsqu’il évoquait l’éventualité d’un reconfinement du pays exigé jusque parmi sa majorité parlementaire. Il avait indiqué que les Arméniens ne se plieraient pas à de nouvelles règles de limitations de leurs mouvements. Le gouvernement avait imposé, comme tant d’autres pays, dont la France, fin mars, après l’apparition des premiers cas de coronavirus en Arménie. Mais ces restrictions avaient été assouplies dès la mi-avril et le gouvernement les avait levées dès le 4 mai, alors même que l’on constatait une progression de l’épidémie. Levé trop tôt et géré avec un certain laxisme, le confinement n’a pas eu en Arménie les effets constatés ailleurs, et l’épidémie n’a cessé de gagner du terrain depuis, sans fléchir le premier ministre, pourtant critique de toutes parts.

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