Perquisition au domicile du chef du parti d’opposition « Arménie prospère »

Gagik Tsarukian, chef du parti d’opposition Arménie prospère (BHK), a accusé le gouvernement arménien de le persécuter pour des raisons politiques après que les forces de sécurité ont perquisitionné son domicile dimanche matin.

M. Tsarukian a été convoqué par le Service de sécurité nationale (SNS) et y a été interrogé plus tard dans la journée.

De hauts représentants du BHK ont affirmé que de nombreux militants du parti dans la province orientale de Gegharkunik avaient été arrêtés tôt le matin, à cause d’activités financières d’un ancien candidat du BHK qui s’était présenté au Parlement en 2017.

Dans un communiqué publié peu de temps après, le SNS a expliqué qu’un « groupe de membres du BHK » avait distribué des pots-de-vin lors de la campagne électorale de 2017. Il a précisé avoir effectué « une quarantaine de perquisitions » dans le cadre de l’enquête sur ces présumés achats de votes qui, selon lui, avaient été organisé par les « principaux membres » du parti. Le service de sécurité n’a pas mentionné nominativement Tsarukian.

Dans une autre déclaration, le SNS a accusé deux sociétés de jeux contrôlées par Tsarukian de graves irrégularités financières qui auraient coûté à l’État plus de 29 milliards de drams (60 millions de dollars) en dommages.

Tsarukian, l’un des hommes les plus riches d’Arménie et qui dirige la plus grande force d’opposition parlementaire, a choisi la provocation en s’adressant aux journalistes à l’entrée de sa vaste villa à Arinj, village au nord d’Erevan. Il a promis de continuer à se battre pour la démission du Premier ministre Nikol Pashinyan et de l’ensemble de son gouvernement, les accusant à nouveau de mal gérer la crise du coronavirus et de mal s’occuper de l’économie.

« C’est fabriqué et politique, a commenté Tsarukian. Ils veulent faire pression sur moi, me faire chanter. »

Le chef du BHK est arrivé au siège du SNS à Erevan en début d’après-midi. Plus d’une centaine de ses partisans se sont rassemblés à proximité, scandant « Tsarukian ! » et « Nikol démissionne ! »

La police anti-émeute a repoussé la petite foule loin du bâtiment du SNS, arrêtant plusieurs manifestants. De hauts responsables de la police sur les lieux ont assuré que le rassemblement était illégal en raison de l’état d’urgence lié au coronavirus en Arménie.

Cette répression est intervenue plus d’une semaine après que Tsarukian a critiqué le gouvernement arménien en des termes inhabituellement forts. Le magnat avait demandé la démission de Pashinyan et de son cabinet car ils n’avaient pas réussi à contenir l’épidémie de coronavirus et atténuer ses conséquences socio-économiques. Il avait également annoncé qu’il tenterait de rallier à sa cause des groupes politiques « sains » et des individus « préoccupés par l’avenir du pays ».

Pashinyan et ses alliés politiques ont réagi avec fureur à ces critiques inhabituellement sévères. La porte-parole du Premier ministre, Mane Gevorgian, a affirmé que Tsarukian avait attaqué le gouvernement parce qu’il craignait d’être poursuivi pour corruption, évasion fiscale et autres charges graves. Elle a précisé que le dirigeant du BHK devrait également s’inquiéter de la récente entrée en vigueur d’une loi autorisant les autorités à confisquer les biens privés réputés acquis illégalement.

Le BHK, qui possède le deuxième groupe du Parlement, a rejeté le « chantage politique ».

Lors de la course parlementaire de 2017, le parti de Tsarukian était officiellement opposé au président d’alors, Serge Sarkissian. Ce dernier a été renversé au cours de la Révolution de velours dirigée par Pashinyan un an plus tard. Le BHK avait alors exprimé son soutien à la révolution, aidé Pashinyan à devenir Premier ministre et rejoint son premier cabinet formé en mai 2018. Puis Pashinyan a licencié ses ministres affiliés au BHK en octobre 2018, accusant Tsarukian de collaborer secrètement avec l’ancien régime.

Le BHK est arrivé loin derrière lors des élections législatives de décembre 2018 et a remporté 26 sièges au Parlement qui en compte 132. Le bloc Mon pas contrôle 88 sièges au Parlement.

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