Au Japon, des geishas se convertissent au tout internet

A genoux, le bout des doigts délicatement posé sur le parquet, la geisha « Chacha » s’incline avec grâce devant un public qui suit ses gestes non plus à quelques mètres d’elle mais à des kilomètres, derrière un écran.

Sous des spots lumineux, la jeune femme âgée de 32 ans entame une danse traditionnelle, se mouvant comme un papillon, ouvrant et faisant voleter son éventail d’un geste expert.

Son public est d’habitude fait d’hommes aisés d’âge mûr qui opinent avec admiration, depuis une petite salle couverte de tatamis.

Mais ce jour-là, les spectateurs de Chacha (prononcer « Tchatcha »), les yeux rivés sur leur écran, sont bien plus divers: une jeune femme un verre de vin à la main, une famille avec un groupe d’enfants fascinés…

« Comment avez-vous passé le temps chez vous? », s’enquiert-elle. « Moi j’ai joué à Animal Crossing tout le temps pendant l’état d’urgence! », confie-t-elle, en faisant référence à un jeu vidéo de Nintendo ayant connu un immense succès mondial durant les confinements.

Bien que relativement épargné par la pandémie, le Japon a introduit un état d’urgence pendant le pic d’infections au cours duquel loisirs et vie culturelle nocturnes ont cessé.

Chants et danses dans des espaces réduits, conversations pleines d’esprit arrosées de saké délicatement versé dans le bol du client: quasiment tout dans le répertoire des geishas va à l’encontre des règles de distanciation sociale introduites pendant la pandémie.