L’Algérie a renvoyé en France son ambassadeur Salah Lebdioui, en fonction depuis novembre 2009, rappelé fin mai après la diffusion de documentaires français sur le mouvement populaire antirégime « hirak », signalant le retour à la normale des relations souvent tumultueuses entre les deux pays. Salah Lebdioui « a repris depuis hier (lundi) », a indiqué à l’AFP l’ambassade d’Algérie à Paris, confirmant des informations de presse algériennes.
Cette énième brouille diplomatique a pris fin après que le président français Emmanuel Macron avait appelé le 2 juin son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Les deux chefs d’État s’étaient engagés à « œuvrer à une relation sereine et à une relance ambitieuse de la coopération bilatérale ».
Le diplomate algérien avait été rappelé par les autorités algériennes en colère pour consultations le 27 mai après la diffusion de deux documentaires sur le hirak, Algérie, mon amour sur France 5 et Algérie, la révolution jusqu’au bout ? sur la chaîne LCP. Et ce, dans un climat de défiance permanent des autorités algériennes à l’encontre des médias, notamment étrangers.
Le ministère algérien des Affaires étrangères reprochait à ces deux documentaires de porter atteinte au « peuple algérien et à ses institutions », y compris l’armée.
Il y voyait un acte de « malveillance » de « certains milieux qui ne souhaitent pas l’avènement de relations apaisées entre l’Algérie et la France », 58 ans après l’indépendance de l’ex-colonie française.
Ce nouvel épisode s’inscrit dans un climat de répression à l’encontre des opposants, des journalistes (certains en prison) et des médias indépendants.
Déterminées à empêcher toute résurgence du « hirak », les autorités ont bloqué ces dernières semaines plusieurs sites d’information accusés d’être financés par des « organisations étrangères ».
Aucune accréditation, obligatoire pour travailler, n’a été renouvelée en 2020 pour les correspondants permanents de médias étrangers à Alger.
L’accréditation du directeur du bureau de l’AFP à Alger, Aymeric Vincenot, n’avait pas été renouvelée en 2019, ce qui l’avait contraint à quitter l’Algérie.
C’est la seconde fois seulement, dans l’histoire de la diplomatie franco-algérienne, qu’un ambassadeur d’Algérie en France était rappelé à Alger depuis l’indépendance en 1962.