Désormais la simple détention de vidéos jihadistes n’est plus un délit pour la justice de l’Hexagone

Le Conseil constitutionnel a supprimé vendredi le délit de « recel d’apologie du terrorisme », qui sanctionnait le seul fait de télécharger et de détenir des vidéos de propagande islamiste, estimant qu’il était contraire à la Constitution.

Ce délit avait été créé par une décision de la Cour de cassation, rendue en janvier. Pour ses détracteurs, il permettait de contourner l’anticonstitutionnalité de l’infraction de consultation « habituelle » de sites terroristes, censurée à deux reprises en 2017 par les « Sages ».

« C’est une nouvelle victoire », a réagi auprès de l’AFP Me Patrice Spinosi, l’avocat de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et du requérant, un homme condamné à quatre ans d’emprisonnement pour avoir détenu des images faisant l’apologie du terrorisme.

« La Cour de cassation essayait de rétablir ce délit de consultation de sites terroristes par une construction artificielle. Le Conseil constitutionnel a maintenu sa jurisprudence », s’est-il félicité.

Dans un arrêt du 7 janvier, la chambre criminelle de la Cour de cassation avait consacré l’existence de ce nouveau délit en cumulant deux infractions, le recel et l’apologie du terrorisme.

« L’idée est en réalité assez simple: si vous consultez régulièrement des sites faisant l’apologie du terrorisme, vous en téléchargerez le contenu sur un disque dur ou sur une clé USB, vous détenez donc – c’est le recel – une chose qui provient d’un délit – c’est l’apologie du terrorisme », avait souligné à l’audience Me Spinosi, appelant à supprimer une « chimère juridique ».

Ce nouveau délit punissait, selon les cas, d’une peine de cinq, sept ou dix ans d’emprisonnement « le seul fait de détenir des fichiers ou des documents faisant l’apologie d’actes de terrorisme sans que soit retenue l’intention terroriste ou apologétique du receleur comme élément constitutif de l’infraction », a relevé le Conseil constitutionnel.