Les dirigeants politiques arméniens ont riposté jeudi aux tweet de Donald Tusk, président d’une coalition de partis européens de centre-droit qui les a accusés de réprimer les opposants politiques et de faire reculer la démocratie.
Donald Tusk, le président du Parti populaire européen (PPE), a tweeté mercredi que le groupe de coordination paneuropéen est « préoccupé par les nombreux cas de recul de la démocratie en Arménie ».
« Nous appelons les autorités arméniennes à s’abstenir de faire pression sur l’opposition », a-t-il écrit sans spécifier aucun de ces cas.
Dans un autre tweet, M. Tusk a également déclaré que le PPE soutiendra la mise en œuvre de l’accord de partenariat global et renforcé (CEPA) entre l’Arménie et l’Union européenne, signé en 2017.
Le Premier ministre Nikol Pashinyan a clairement répondu à M. Tusk lors d’une session hebdomadaire de son cabinet qui présidait le jour suivant.
« Il y a des organismes qui ont demandé à l’Arménie de lutter contre la corruption, l’achat de votes et la fraude électorale pendant 30 ans », a déclaré M. Pashinyan. Maintenant qu’une véritable lutte est en cours, ils nous disent : « Pourquoi vous en prenez-vous à l’opposition ? Parce que les personnes corrompues [qui étaient au pouvoir] pendant 30 ans sont maintenant dans l’opposition ».
« J’ai l’impression qu’ils essaient de nous lier les pieds et les mains et de nous dire de ne rien faire », a-t-il dit.
Un proche collaborateur de Pashinian, le vice-président du Parlement Alen Simonian, est allé plus loin, accusant M. Tusk de se mêler des affaires internes de l’Arménie et de se ranger du côté de l’ancien président Serzh Sarkisian.
« Je pense que M. Tusk voit l’Arménie à travers les yeux de Serzh Sarkisian », a accusé Simonian. « Des yeux qui sont détachés de la réalité. »
Le Parti républicain d’Arménie (HHK) de Serzh Sarkisian est affilié au PPE, tout comme la plupart des grands partis conservateurs et centristes d’Europe, dont les démocrates-chrétiens de la chancelière allemande Angela Merkel. Le PPE est le parti le plus représenté au Parlement européen depuis 20 ans.
Tusk, qui a dirigé l’organe décisionnel suprême de l’UE de 2014 à 2019, a exprimé ses critiques après une vidéoconférence avec les dirigeants des partis du PPE, dont Serzh Sarkisian.
M. Sarkisian a vivement critiqué les autorités arméniennes actuelles alors qu’il participait à la conférence depuis Erevan. Il les a accusées de populisme, de gouvernance « inepte » et de pratiques antidémocratiques.
L’ancien président arménien avait également critiqué l’administration de Nikol Pashinyan lors d’un congrès du PPE en Croatie en novembre dernier. Il avait été accusé de corruption deux semaines plus tard.
Sarkisian a continué à rejeter ces accusations comme étant politiquement motivées lors de la première audience de son procès fin février. Malgré ce procès, il a été autorisé à se rendre à Bruxelles et à rencontrer Tusk et d’autres politiciens européens au début du mois de mars.
Sarkisian, 65 ans, a été accusé par l’opposition de fraude électorale et de corruption durant la durée de son mandat de président de l’Arménie de de 2008 à 2018. Il a démissionné à la suite des protestations de masse dirigées par Pashinyan. Des manifestations déclenchées contre sa tentative de prolonger son règne de dix ans.
Donald Tusk a critiqué Erevan un jour après que le Parlement arménien ait autorisé les autorités chargées de l’application des lois à’arrêter et à poursuivre Gagik Tsarukian, le chef de la plus grande faction de l’opposition, pour achat de votes. Des accusations que M. Tsarukian rejette et dont il affirme qu’elles sont des représailles du gouvernement contre ses récents appels à la démission de N. Pashinyan.
Le PM arménien a insisté mercredi sur le fait que les poursuites pénales contre le riche leader du Parti de l’Arménie prospère ne sont pas motivées par des raisons politiques.