Le Parquet russe a requis lundi six ans de prison contre le réalisateur et metteur en scène Kirill Serebrennikov, figure du milieu artistique russe accusée de détournement de fonds dans une affaire controversée.
Lors d’une audience à Moscou, le parquet a également requis une amende de 800 000 roubles (10 200 euros au taux actuel), selon un journaliste de l’AFP présent au tribunal.
Des peines allant de 4 à 5 ans de prison ont aussi été requises contre trois collaborateurs de M. Serebrennikov.
Arrêté en août 2017, il avait été assigné à résidence jusqu’en avril 2019.
En septembre 2019, la justice russe avait levé « toutes les mesures préventives » contre lui et ses trois collaborateurs inculpés, puis renvoyé le dossier au Parquet, l’estimant incomplet.
Une troisième expertise a finalement indiqué début juin que le réalisateur et son équipe avaient touché un trop-perçu de 128 millions de roubles d’aides publiques pour un projet de la troupe « Septième studio » de M. Serebrennikov.
Celle-ci prend le contre-pied d’une expertise précédente qui avait mis à mal l’accusation.
Kirill Serebrennikov, qui est le directeur artistique du Centre Gogol, un célèbre théâtre moscovite, a toujours nié les charges pesant contre lui.
Pour ses partisans, il paye sa liberté de création et ses pièces parfois osées, mêlant politique, sexualité et religion, dans un pays où les autorités poussent pour un retour en force des « valeurs traditionnelles ». Les autorités démentent cette interprétation des faits.
Quelque 3.000 personnalités de la culture ont appelé lundi dans une pétition le ministère de la Culture à renoncer aux poursuites, dénonçant une « affaire qui a été fabriquée » par les enquêteurs.
Dès son arrestation, de nombreux appels en sa faveur ont été lancés par des personnalités du monde des arts en Russie et à l’étranger.
Kirill Serebrennikov a été remarqué pour son film « Leto », sur la vie du rockeur soviétique Viktor Tsoï, primé en 2018 au festival de Cannes, et dont il avait terminé le montage lors de son assignation à résidence.
A cause de cette mesure, il avait aussi manqué fin 2017 la première au Bolchoï de Moscou de son ballet « Noureev », consacré au danseur étoile passé à l’Ouest en 1961. Le spectacle avait été pris dans une controverse, retardant la première de six mois.