Sommet virtuel entre l’UE et la Chine sur le fond des tensions

Européens et Chinois se réunissent virtuellement, ce lundi, pour tenter d’aplanir leurs nombreuses divergences, de la crise de Hong Kong aux campagnes de désinformation sur la pandémie de Covid-19, afin de préparer le terrain à la signature d’un accord sur la protection des investissements.

Malgré un climat de méfiance réciproque, Européens et Chinois organisent, lundi 22 juin, un sommet en visioconférence pour tenter d’aplanir leurs nombreuses divergences et préparer une réunion extraordinaire de leurs dirigeants, avec en ligne de mire la signature d’un accord sur la protection des investissements.

Les représentants de l’UE, Charles Michel, le président du Conseil et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, vont s’entretenir à 10 h (8 h GMT) avec le Premier ministre Li Keqiang. Le président Xi Jinping devrait prendre part à l’entretien, selon les responsables chinois.

« La Chine attache une grande importance à cette rencontre et est disposée à collaborer avec l’UE pour obtenir des résultats positifs », a assuré le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Zhao Lijian

Chacun a exprimé ses attentes et ses préoccupations au cours de réunions préparatoires. La méfiance domine et transparaît sous forme de mises en garde voilées. Les Européens s’inquiètent de l’emprise grandissante de Pékin sur Hong Kong avec la mise en cause de l’autonomie du territoire et les atteintes aux libertés fondamentales.

L’UE a exigé vendredi la libération de plusieurs défenseurs des droits de l’Homme. Elle a aussi dénoncé les campagnes de désinformation orchestrées par la Chine sur la pandémie de Covid-19. Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a passé le message à son homologue chinois Wang Yi lors d’un entretien le 15 juin.

Le Parlement européen a appuyé ces pressions avec l’adoption, vendredi, d’une résolution très dure en soutien à Hong Kong. Les élus ont réclamé des sanctions contre les dirigeants coupables de la répression si la nouvelle loi sur la sécurité adoptée à Pékin est appliquée dans le territoire.

Les Chinois sont pour leur part préoccupés par la nouvelle législation européenne sur les investissements étrangers et la prise de distance de l’UE à leur égard.

Engagés dans un conflit commercial et politique avec Washington, Pékin cherche des soutiens, mais les Européens refusent de se laisser prendre dans le jeu des tensions entre les deux puissances.

L’administration Trump voit ce sommet d’un très mauvais œil. « Le Parti communiste chinois veut vous obliger à choisir » entre les États-Unis et la Chine, a mis en garde le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.

« Malgré les nombreuses divergences avec l’administration américaine, le partenariat transatlantique reste la relation la plus importante pour l’UE », a rappelé Josep Borrell.

Mais « la Chine est un partenaire nécessaire », a-t-il insisté. Les échanges de biens entre la Chine et l’UE représentaient 1,5 milliards d’euros par jour en 2019, selon les données de la Commission.

« La relation avec la Chine est complexe et elle le restera », a reconnu M. Borrell. Elle doit être « fondée sur la confiance, la transparence et la réciprocité ». Pékin a répondu par un avertissement implicite.

« La Chine espère que l’UE mettra en place un environnement équitable, impartial et non discriminatoire » pour les investissements, a déclaré son ambassadeur auprès de l’UE Zang Ming. « Le capital est très sensible et lâche. En cas de changement de vent, le capital votera avec ses pieds », a-t-il averti.

Européens et Chinois ont engagé des négociations en vue de conclure un accord sur la protection des investissements qui intéresse beaucoup Pékin. « La Chine s’est engagée à conclure à temps », a insisté son ambassadeur. Mais les Européens ne voient toujours aucun progrès.

Le report du sommet extraordinaire avec le président Xi prévu en septembre à Leipzig par la chancelière allemande Angela Merkel avec tous ses homologues accorde un peu de temps supplémentaire aux négociateurs. Le sommet virtuel devrait donner un signal en ce sens.

« Nous avons besoin de poursuivre les négociations. Nous avons besoin d’un bon accord et nous n’en sommes pas là. Nous prendrons le temps nécessaire », a expliqué la Commission européenne.

« Un mauvais accord n’est pas une option », a averti dimanche l’ambassadeur de l’Allemagne à Bruxelles Michael Clauss. L’Allemagne prend la présidence semestrielle de l’UE le 1er juillet.

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