Justin Trudeau blâme les employeurs dont les travailleurs mexicains meurent

Ce week-end, Ottawa et Mexico se sont entendus pour que les travailleurs temporaires embauchés cet été puissent recommencer à venir au Canada.

 

Le Mexique avait suspendu les voyages prévus de ses citoyens à la suite de deux décès, et en attendant de recevoir des assurances du gouvernement canadien. Depuis, un troisième travailleur est décédé des suites de la COVID-19.

« Les règles n’ont pas été suivies dans les cas de […] ces trois travailleurs-là », a déclaré M. Trudeau à son point de presse lundi avant-midi.

« Les gens ont enfreint les règles par rapport à la distanciation, par rapport aux conditions de travail », a-t-il poursuivi.

« Il y aura des conséquences pour les compagnies qui n’ont pas suivi les règles instaurées pour protéger les travailleurs au Canada », a-t-il affirmé.

Besoin de touristes

Si des compagnies aériennes trépignent d’impatience et voulaient voir les frontières canadiennes ouvertes pour les voyageurs de certains pays, M. Trudeau n’est pas encore prêt à les satisfaire.

« Tous ces gens-là doivent comprendre que si on prend des pas trop rapidement, si on n’est pas sûr de ce qu’on fait à chaque étape, on risque de retomber dans une deuxième vague […] et de devoir refermer notre économie et se reconfiner et je sais qu’il n’y a pas personne qui veut ça », a souligné le premier ministre.

De passage devant le comité parlementaire de la santé par visioconférence en après-midi, les représentants de trois compagnies aériennes majeures au Canada y sont allés de leurs suggestions pour ouvrir les frontières et assouplir les restrictions en prenant des précautions nécessaires.

Air Transat et WestJet, par exemple, ont suggéré que le Canada mette en place certains « couloirs » sécuritaires avec des pays où les taux d’infection de COVID-19 sont moindres, pour assurer le tourisme.

Retour au bureau des fonctionnaires

Le président du Conseil du trésor, Jean-Yves Duclos, a annoncé le retour prochain, mais progressif, au bureau, des fonctionnaires fédéraux. La grande majorité des 250 000 employés du gouvernement fédéral ont dû faire du télétravail depuis la mi-mars.

Le ministre Duclos a précisé, lors de sa conférence de presse, que comme plusieurs bureaux de fonctionnaires ne permettent pas d’assurer deux mètres de distance entre collègues, « de nombreux fonctionnaires devront continuer à travailler à distance pendant un certain temps ».

Vantant la plus grande capacité de se connecter à distance des fonctionnaires, nouvelle « agilité » provoquée par la pandémie, M. Duclos a signalé clairement que le télétravail des fonctionnaires est là pour rester, même une fois la menace du virus disparue.

« Dans certains cas, c’est juste moins coûteux à la fois pour les employés et le gouvernement fédéral. […] On a une réflexion qu’on a déjà commencée à avoir autour du nombre d’espaces de bureau qu’on voudra avoir au cours des prochaines années », a dit le ministre.

Alors qu’employeurs privés et publics songent à faire travailler leur main-d’œuvre chez elle, des études commencent à souligner que l’employé y perd financièrement, malgré l’économie du déplacement.

Ainsi, le professeur Richard Shearmur, directeur de l’École de planification urbaine de l’Université McGill, a fait des calculs basés sur une expérience montréalaise. Il a publié son travail dans La conversation, média en ligne qui offre des articles grand public écrits par des universitaires.

« Si un employeur souhaite dédommager pleinement ses employés pour leur espace de bureau à domicile, il lui faudra augmenter leur salaire de 5871 $ à 16 285 $ par an », écrit M. Shearmur, en se basant, entre autres, sur le coût d’un logement locatif avec une pièce de plus que celles nécessaires pour les besoins domestiques de l’employé.

Selon lui, « les économies effectuées (par le télétravail – réd.) ne sont qu’un transfert des coûts à la charge des travailleurs ».

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