C’est environ 10 % des effectifs de pilotes d’Air France qui pourraient quitter l’entreprise d’ici à la fin de l’année.
Le Syndicat national des pilotes de ligne, syndicat majoritaire chez les pilotes de la compagnie, a donné son feu vert pour signer un accord de rupture conventionnelle collective qui prévoit le départ volontaire d’un maximum de 403 pilotes d’Air France. L’accord « de fin de secteur A380 organisant la mobilité des pilotes » a aussi été accepté par le syndicat. Ces deux textes seront signés dans les jours à venir, a indiqué à l’Agence France-Presse Guillaume Schmid, vice-président du SNPL Air France.
L’accord lié à la sortie imminente de l’A380 de la flotte d’Air France prévoit « la mobilité des pilotes vers d’autres secteurs de vol et leurs stages » pour obtenir des qualifications sur d’autres appareils, a précisé Guillaume Schmid. Sur les 403 départs prévus par la rupture conventionnelle collective (RCC), dispositif récent permettant de supprimer des postes via des départs volontaires, sans justification économique et au terme d’un accord majoritaire, 215 places sont réservées aux pilotes d’A380.
Ces départs devront être effectifs entre mi-août et fin décembre 2020, selon le SNPL. Les pilotes qui acceptent de partir verront « leur indemnité de fin de carrière bonifiée de 4 ou 5 mois de salaire », a ajouté M. Schmid. La RCC s’adresse aux pilotes ayant des projets de reconversion ou éligibles à la liquidation en 2020 de leur retraite (à partir de 60 ans, via la CRPN, la caisse de retraite des navigants). « Notre objectif, c’est la protection de l’emploi des pilotes étant donné le contexte actuel », a souligné Guillaume Schmid. L’accord de RCC prévoit d’ailleurs « une garantie de l’emploi jusqu’à avril 2021 », a-t-il indiqué.
Les syndicats Spaf et Alter étaient également impliqués dans les négociations avec la direction. « Les solutions pour les pilotes de l’A380 ne sont pas suffisantes », a regretté Grégoire Aplincourt, du Spaf (deuxième syndicat chez les pilotes), interrogé par l’Agence France-Presse, sans se positionner sur la RCC. « Alter est à ce stade plus que réticent sur les deux accords », a déclaré à l’AFP Guillaume Pollard, son secrétaire général. Les pilotes doivent encore poursuivre les négociations avec la direction sur un éventuel transfert de pilotes d’Air France vers la compagnie à bas coûts Transavia, également détenue par le groupe Air France.
« Le problème, ce n’est pas le transfert des pilotes mais des lignes domestiques » d’Air France vers Transavia, qui pourrait déboussoler la clientèle d’affaires de la compagnie tricolore et l’éloigner aussi des vols moyen et long-courriers, redoute Grégoire Aplincourt. Les syndicats de personnel de cabine d’Air France mènent également des discussions avec la direction sur une RCC prévoyant un peu plus de 1 700 départs non contraints.
Les autres personnels attendent la présentation aux organisations syndicales, lors d’un comité social et économique central (CSEC) extraordinaire le 3 juillet, pour connaître le nombre de suppressions de postes envisagées par la direction pour l’ensemble de la compagnie, dont l’activité a été comme celle de ses concurrentes mise brutalement à l’arrêt par l’épidémie de Covid-19. Les syndicats tablent sur plusieurs milliers de suppressions de postes au sein du groupe Air France.