Ils n’ont pas résisté au plaisir de crier leur joie devant l’hôtel de ville ce dimanche. Pour les sympathisants du Printemps marseillais, la victoire semblait nette : avec 38 % des voix, l’égérie du rassemblement de la gauche l’emporte largement sur la candidate LR Martine Vassal, qui recueille 30 % des suffrages.
Mais les comptages se sont poursuivis jusque tard dans la nuit. Si le Printemps marseillais l’emporte bien dans quatre secteurs, le butin n’est pas suffisant pour atteindre la majorité absolue.
La gauche comptabilise en effet 42 élus contre 39 pour les listes de la candidate LR Martine Vassal. « C’est une victoire relative pour nous, a fini par reconnaître Michèle Rubirola, mais une défaite pour la droite, qui n’est pas en mesure de gouverner la ville. » Une analyse que ne partage évidemment pas l’intéressée : « Ce soir, je n’ai pas perdu. Ce soir, il n’y a pas de majorité à Marseille. Ce soir, il n’y a pas de maire à Marseille », a déclaré Martine Vassal.
Il faut à présent attendre le troisième tour, l’élection du maire par les conseillers municipaux élus, pour y voir plus clair. Mais la déflagration pour la droite est bien réelle puisqu’elle perd plusieurs bastions : les 1er et 2e secteurs, qui passent respectivement aux mains de l’Insoumise Sophie Camard (suppléante de Jean-Luc Mélenchon) et du socialiste Benoît Payan, le 3e secteur, fief du sénateur Bruno Gilles, qui a maintenu sa candidature contre Martine Vassal, lequel a été remporté haut la main par Michèle Rubirola : « Ce qui fait basculer le scrutin, c’est l’entêtement d’un candidat sans envergure », a reproché la candidate LR à son ancien allié. Mais elle a aussi perdu l’une des forteresses les mieux gardées de la droite marseillaise : les 6e et 8e arrondissements, que Jean-Claude Gaudin a toujours gagnés dès le premier tour et que Martine Vassal, tête de liste dans ce secteur, vient de perdre, contre Olivia Fortin, entrepreneure et novice en politique.
Adoubée par Jean-Claude Gaudin, celle qui fut la première femme à être élue à la tête du département et qui dirige également la métropole partait pourtant favorite de ce scrutin, malgré les divisions de son propre camp et la menace d’une percée du Rassemblement national. Ironie du jeu démocratique : le RN a perdu sa seule mairie de secteur et c’est la gauche qui devance la droite. Pourtant, au soir du premier tour, seules 1 812 voix séparaient Martine Vassal de Michèle Rubirola. Tout était encore possible. Mais la campagne du second tour a été marquée par l’ouverture d’une enquête de la police judiciaire sur des soupçons de fraude aux procurations au sein de l’équipe de la candidate LR.