Selon le site d’information, le président français aurait proposé d’aider Michel Platini dans l’affaire de corruption portant sur les conditions d’attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar.
Michel Platini a rencontré Emmanuel Macron le 8 mars 2018 à l’Élysée, lors d’un rendez-vous ne figurant pas à l’agenda officiel du président. Cette rencontre confidentielle était organisée par le journaliste Jacques Vendroux, à l’époque chef du service des sports de Radio France. « Un jour j’ai dit à Michel : « Ce serait bien que tu rencontres Macron, il adore le foot. » J’ai organisé le rendez-vous. On a parlé de football, de la Juventus, de Saint-Étienne, de l’équipe de France, du titre de 84, du titre de 98 », raconte-t-il à Mediapart.
Selon Jacques Vendroux, les affaires judiciaires de Michel Platini n’étaient pas au cœur de la discussion. « Le président n’a jamais dit : « Je vais m’occuper de vous. » Jamais, jamais, jamais […] Il n’a jamais dit : « Je vais vous aider. » Il a dit, je ne sais pas, peut-être qu’il a dit une phrase du style « Je vais voir », mais Michel n’a rien demandé. Et le président n’a rien promis. »
Jean-Pierre Chanal aurait également mis en contact Michel Platini avec Michel Debacq, haut magistrat de la Cour de cassation. Michel Dabacq affirme à Mediapart qu’il a rencontré Michel Platini à trois reprises « à titre amical » et estime que le sujet relève de « sa vie privée ».
D’après le site d’information – qui cite encore les écoutes – Michel Dabacq aurait aidé l’ancien joueur de football à ouvrir une enquête sur ceux qui l’auraient dénoncé auprès de la justice suisse.
Le 18 juin 2019, Michel Platini avait été placé en garde à vue, à Nanterre, dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Il avait été auditionné dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le Parquet national financier (PNF) pour « corruption privée », « association de malfaiteurs », « trafic d’influence et recel de trafic d’influence » autour de l’attribution du Mondial 2022 au Qatar. Le PNF s’intéresse notamment à un déjeuner à l’Élysée le 23 novembre 2010. Ce jour-là, Michel Platini et l’émir du Qatar étaient réunis autour de Nicolas Sarkozy, président à l’époque.
De plus, Michel Platini n’en a pas fini avec la justice en Suisse. L’enquête ouverte en 2015 contre Sepp Blatter pour un paiement sans trace écrite de 2 millions de francs suisses à Michel Platini a été étendue à ce dernier pour des soupçons de « complicité de mauvaise gestion et détournement ». Dans un courrier en date du 5 juin et signé du procureur Thomas Hildbrand, le parquet fédéral a décidé d’étendre son enquête à Michel Platini, pour des soupçons de « complicité de mauvaise gestion, détournement et de faux ». L’ancien patron de l’UEFA a désormais le statut d’« accusé ».
Lors de sa tournée médiatique en octobre dernier, à l’occasion de la sortie de son livre Entre nous et la fin de sa suspension à la Fifa, Michel Platini avait eu l’occasion d’entendre un message de soutien de la part d’Emmanuel Macron sur RTL. « Je sais que les dernières années ont été dures, que les blessures ont parfois été profondes, que le sentiment d’injustice aussi est là. Et au fond, j’avais un message, c’est ce message d’admirateur, ce message de remerciement, et ce message qui consiste à vous dire [que] vous avez encore plein de choses à apporter au football français et aux jeunes Français. Donc bravo, merci et revenez, ça me ferait plaisir », avait déclaré le président de la République.
« Le président de la République, qui a de l’intérêt pour le football, a reçu le joueur de football, l’icône Michel Platini, mais en aucun cas le justiciable Michel Platini. Le président sait parfaitement qu’il ne peut pas évoquer le dossier individuel d’un justiciable », indique pour sa part l’Élysée à Mediapart.