84 millions de comprimés de captagon formant un butin de 14 tonnes d’amphétamines : c’est la saisie record qu’a annoncée mercredi 1er juillet la police italienne.
Cette prise a été réalisée dans le port de Salerme, au sud de Naples. Les marchandises, fabriquées par l’organisation terroriste État islamique en Syrie, ont une valeur marchande d’un milliard d’euros sur le marché. La police italienne évoque « la plus grande saisie d’amphétamines au niveau mondial ».
Selon l’enquête chapeautée par le parquet de Naples, la drogue se trouvait dans trois conteneurs suspects, contenant des cylindres de papier à usage industriel et des roues métalliques. Ces cylindres de papier en multicouches, d’environ 2 mètres de haut et d’un diamètre de 1,40 m (probablement fabriqués en Allemagne), permettaient chacun de dissimuler environ 350 kg de comprimés placés dans les couches intérieures sans pouvoir être détectés par un scanner. Les énormes roues métalliques découpées par les experts étaient également remplies de pilules.
Les comprimés étaient estampillés avec le symbole « captagon », un médicament classé comme produit stupéfiant, connu aussi sous l’appellation « drogue du djihad », précisent les enquêteurs. « On sait que l’État islamique finance ses propres activités terroristes surtout par le trafic de drogue synthétique produite en Syrie, qui, pour cette raison, est devenue ces dernières années le premier producteur mondial d’amphétamines », souligne le communiqué de la police.
Une autre saisie d’amphétamines
Il y a deux semaines, la même unité d’enquête de Naples spécialisée dans le crime organisé, avait intercepté un conteneur de vêtements de contrefaçon, dissimulant 2 800 kg de haschisch et 190 kg d’amphétamines sous la forme de plus d’un million de pilules estampillées « captagon ». Les enquêteurs estiment qu’un « consortium » de groupes criminels est à la manœuvre, car les 85 millions de comprimés peuvent satisfaire un marché de taille européenne. Selon une hypothèse, il pourrait s’agir d’un « cartel » de clans de la Camorra (mafia napolitaine).
Le confinement dû à l’épidémie du coronavirus a sans aucun doute bloqué la production et la distribution de drogues de synthèse en Europe. Dès lors, de nombreux trafiquants se seraient tournés vers la Syrie pour se réapprovisionner. La police italienne souligne que le captagon, vendu dans tout le Moyen-Orient, « est très répandu chez les combattants pour inhiber la peur et la douleur ». Produite initialement au Liban et diffusée en Arabie saoudite dans les années 1990, cette drogue s’est retrouvée dans les planques de terroristes, comme ceux responsables des attentats parisiens de 2015 notamment dans la salle de concerts du Bataclan.