C’était il y a une petite poignée de semaines et Marine en rougit encore : « Ce n’est pas très glorieux. » Tous les matins et cinq jours durant, dans le domicile familial, cette étudiante parisienne en troisième année de Biologie a pris place, à 9 heures pile, devant le bureau de sa chambre, pour passer ses examens à distance.
Face à elle : l’ensemble de ses cours, deux ordinateurs – le sien, pour accéder aux épreuves en ligne, et celui de sa mère, ouvert sur Google – et surtout son smartphone, entièrement rechargé et connecté à deux conversations Messenger, l’une la reliant à un groupe restreint de trois amis, l’autre à l’ensemble de ses camarades de promo.
Comme la jeune femme, les étudiants sont nombreux, cette année, à avoir profité des examens à distance du second semestre pour faire fi du règlement. On peut légitimement estimer que leur nombre dépasse celui de l’année précédente. Mais il demeure impossible à chiffrer. Et pour cause, si Twitter recèle de témoignages dans lesquels les élèves se réjouissent publiquement d’avoir fraudé (« Avec ma team (équipe – réd.) de triche pour les exams » ; « J’ai fort triché à mon exam » ; « J’ai développé des skills (compétences) de triche incroyables »…), les établissements se gardent bien de parler de ces écarts de conduite, face auxquels ils se retrouvent souvent démunis et dont ils ne prennent parfois pas la mesure – quand ils ne refusent pas de le faire.