Loin de Washington pour un soir, Donald Trump a vanté, le 3 juillet, vendredi une Amérique « exceptionnelle » et dénoncé le « violent désordre » provoqué par les manifestations anti-racistes, dans le cadre majestueux du Mont Rushmore, sans s’attarder sur les chiffres alarmants du Covid-19 dans un pays inquiet.
Très critiqué pour sa gestion de la pandémie, le président américain s’est offert, à la veille de la fête nationale du 4 juillet, une soirée de feux d’artifice et un discours au ton très dur en terrain conquis.
Sous un ciel sans nuage et devant une foule scandant « Quatre ans de plus », dans laquelle les masques étaient rares, il s’est posé, à quatre mois de l’élection présidentielle, en défenseur de « l’intégrité » de son pays.
En plein débat sur les symboles de l’Histoire du pays, et alors que des statues de généraux confédérés ont été mises à terre par des manifestants antiracistes, il a dénoncé « une campagne visant à effacer notre histoire, diffamer nos héros, supprimer nos valeurs et endoctriner nos enfants ».
« Le désordre violent que nous avons vu dans nos rues et nos villes (…) est le résultat d’années d’endoctrinement extrême et de partialité dans l’éducation, le journalisme et d’autres institutions culturelles », a-t-il ajouté.
Le milliardaire n’a que très brièvement évoqué la résurgence de cas de Covid-19 dans le sud et l’ouest qui « met tout le pays en danger » selon les termes d’Anthony Fauci, directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses.
En mauvaise posture dans les sondages, Donald Trump s’en tient depuis plusieurs jours à un seul message: la crise du coronavirus est « gérée », l’économie américaine repart « plus fort et plus vite » que prévu et l’année 2021 sera « historique ».
L’université Johns Hopkins, qui fait référence, a annoncé que les Etats-Unis avaient enregistré vendredi 57.683 nouvelles infections dues au coronavirus en 24 heures.
La petite amie de Donald Trump Junior, fils aîné du président, a elle-même été testée positive, a rapporté vendredi le New York Times. Kimberly Guilfoyle, 51 ans, était présente au Mont Rushmore, mais n’a pas voyagé dans l’avion présidentiel.
Nombre d’Etats ont dû mettre le déconfinement sur pause, voire faire machine arrière, refermant à la hâte bars et plages.
Au début de ce long week-end férié, l’ancien président démocrate Barack Obama a, lui, appelé à un sursaut. « Vaincre ce virus demandera la mobilisation de tous. Portez un masque. Lavez-vous les mains », a-t-il tweeté. « Et écoutez les experts, pas ceux qui essayent de nous diviser ».
Le locataire de la Maison Blanche, qui était accompagné de son épouse Melania Trump, savait pouvoir compter sur un accueil chaleureux dans le Dakota du Sud, Etat peu peuplé qu’il a remporté en 2016 avec plus de 60 % des voix.
Et la gouverneure républicaine Kristi Noem avait indiqué par avance qu’elle n’entendait pas gâcher la fête.
« Nous avons dit à ceux qui sont inquiets qu’ils peuvent rester chez eux », avait-elle expliqué. « Pour ceux qui veulent se joindre à nous, nous distribuerons des masques gratuits, s’ils décident d’en porter un. Mais il n’y aura pas de distanciation sociale ».
Des représentants de tribus Sioux ont manifesté pour protester contre l’organisation de cette soirée dans les montagnes de Black Hills – où les têtes ont été sculptées de 1927 à 1941 – qu’ils considèrent comme sacrées.
Donald Trump parle lui depuis longtemps de sa fascination pour le Mont Rushmore. En 2017, il avait même évoqué, en plaisantant, la possibilité que son visage y soit ajouté un jour. Au-delà de toute considération politique, il est cependant peu probable que cela arrive.
« La roche qui se trouve autour des visages (des présidents) ne permet pas de sculpture supplémentaire », explique à l’AFP Dana Soehn, porte-parole de ce Parc national.
Elle rappelle par ailleurs que le sculpteur, Gutzon Borglum, voulait représenter les idéaux des 150 premières années de l’histoire américaine – naissance, croissance, développement, préservation – et que son oeuvre était par conséquent achevée.