Tyler Vilus, premier Français jugé par la cour d’assises spéciale de Paris pour sa participation à deux meurtres commis en Syrie entre 2013 et 2015, a échappé à la perpétuité. Le verdict est tombé tard dans la soirée de vendredi.
Le président Laurent Raviota expliqué à Tyler Vilus que la cour d’assises spéciale de Paris avait « décidé de ne pas prononcer » de perpétuité, « ce qu’il était possible de faire », la justice l’ayant jugé coupable de toutes les infractions, y compris sa participation à l’exécution de deux prisonniers, mais qu’elle avait voulu lui « laisser une lueur d’espoir » pour qu’il puisse « évoluer ».
Estimant que l’attitude de l’accusé n’avait guère été encourageante, le président a toutefois souligné qu’il avait « reconnu un élément très important » en finissant par avouer son intention de « mourir les armes à la main » lorsqu’il avait quitté la Syrie à l’été 2015.
Saluant le début d’un cheminement, le magistrat a appelé le jihadiste à bien réaliser la façon différente « dont la justice est rendue dans une République comme la nôtre et la manière dont la justice a été rendue à Shaddadi en avril 2015 ».
Il a été jugé coupable de ce crime, qu’il n’a jamais reconnu, affirmant à l’audience qu’il se trouvait là un peu par hasard « à la sortie de la mosquée ». Pour l’accusation, Tyler Vilus ne faisait là qu’exercer « sa fonction de policier »: « Il fait partie de l’unité chargée d’infliger les châtiments, il est parfaitement logique qu’il soit sur une scène d’exécution ».
« J’espère que vous laissez derrière vous ce rideau de morts dont a parlé l’avocat général », lui a dit le président. « Je vous remercie », lui a répondu doucement Tyler Vilus.
Dans ce dossier hors norme, si la cour a refusé de fermer la porte à tout espoir de rédemption, elle a suivi point par point le raisonnement de l’avocat général Guillaume Michelin, reconnaissant l’émir de l’EI coupable d’association de malfaiteurs terroriste, d’avoir dirigé un groupe de combattants et aussi de « meurtre en bande organisée » en lien avec une entreprise terroriste.
Tyler Vilus est l’un des premiers de sa génération à gagner la Syrie, dès la fin 2012, et l’un des rares individus encore vivants à en être revenu. « Toutes les étapes du parcours de l’accusé sont imbriquées dans celles de la construction du califat », avait assené le représentant du parquet général.
« Ouvrir le dossier Vilus, c’est ouvrir le bottin des personnalités jihadistes francophones. Il les connaît presque toutes », avait-il ajouté, avant d’énumérer les noms de son « frère » Rached Riahi, membre de la filière de Cannes-Torcy, du Belge Mehdi Nemmouche et surtout de l’équipe des attentats du 13 novembre 2015.
Installé dans la région d’Alep (nord-ouest) en mars 2013, Vilus annonce dès l’été sa promotion à sa mère Christine Rivière – elle-même condamnée à dix ans pour trois séjours en Syrie auprès de son fils: « En plus d’être flic, je suis devenu émir d’un groupe de Français ».
Pour l’avocat général, il est « un chef de guerre »: posté à Hraytan, dans la périphérie d’Alep, il participe à la tête d’un groupe de combattants francophones à des « opérations de nettoyage », il est « félicité pour son efficacité meurtrière ».