Douze personnes, dont deux Sud-Coréens, ont été inculpées d’homicide involontaire en Inde pour une fuite de gaz dans une usine qui avait fait 15 morts début mai, a annoncé mercredi la police locale.
La fuite est survenue au cœur de la nuit le 7 mai dans une usine de LG Polymers, la filiale indienne de l’entreprise sud-coréenne LG Chemicals. Celle-ci est implantée en bordure de la ville industrielle et portuaire de Visakhapatnam, dans l’État d’Andhra Pradesh (sud-est).
La fuite a laissé dans son sillage des scènes terribles de personnes gisant inconscientes dans les rues, réveillant des souvenirs de la tragédie de Bhopal en 1984. Un nuage toxique échappé d’une usine de pesticides du groupe américain Union Carbide dans cette ville du centre de l’Inde avait alors tué sur le coup 3 500 personnes, et 25 000 autres étaient décédées les années suivantes.
La police locale a interpellé mardi soir le PDG et le directeur exécutif, tous deux de nationalité sud-coréenne, ainsi que dix employés locaux de LG Polymers.
« Tous les suspects ont été inculpés de sept infractions pénales, l’enquête sur l’accident se poursuit », a déclaré à l’AFP l’enquêteur G.R. Krishna.
Les douze suspects ont été placés en détention provisoire pour quinze jours après avoir comparu devant un tribunal mercredi. Ils encourent jusqu’à dix ans de prison.
Un rapport de 4 000 pages du gouvernement accuse la société de négligence et attribue l’accident à un manque de respect des règles de sécurité et à des réactions inadéquates dans l’urgence.
La fuite de styrène, un composé organique toxique utilisé notamment pour la fabrication de polystyrènes, s’est produite dans un réservoir inutilisé depuis plusieurs semaines. L’usine était partiellement arrêtée en raison du confinement national alors en place en Inde pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.