Le trafic d’espèces sauvages sert à la propagation des maladies infectieuses

La criminalité liée aux espèces sauvages et l’exploitation non durable de la nature augmentent le risque de transmission de maladies telles que le nouveau coronavirus, causées par des agents pathogènes se propageant de l’animal à l’homme, selon un rapport d’une agence onusienne publié vendredi.

« Sans l’interférence humaine par la déforestation, la capture, l’abattage, le trafic et la consommation d’animaux sauvages, l’évolution et la transmission du coronavirus auraient été hautement improbables », écrit l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans son rapport annuel sur la criminalité.

« Environ 75 % des nouvelles maladies infectieuses qui ont affecté l’homme au cours des trois dernières décennies proviennent des animaux. Quand ils sont braconnés à grande échelle et commercialisés de manière clandestine, hors de tout contrôle sanitaire, le potentiel de transmission est accru », observe l’ONUDC. Les pangolins, identifiés comme possibles vecteurs du coronavirus, sont les mammifères sauvages les plus souvent braconnés, précise le rapport: les saisies de leurs écailles ont été multipliées par dix entre 2014 et 2018. La pandémie actuelle pourrait mener à un accroissement des trafics, prévient l’ONUDC : les produits issus de la faune et de la flore peuvent être présentés comme des « remèdes » au coronavirus, notamment la bile d’ours utilisée dans la médecine chinoise traditionnelle.

Le rapport note par ailleurs que le commerce illégal de l’ivoire africain et de la corne de rhinocéros est « en déclin », tandis que la demande de bois exotique a « considérablement augmenté au cours des deux dernières décennies ».

L’ONUDC base ses conclusions sur 180 000 saisies dans près de 150 pays montrant que plus de 6.000 espèces différentes de mammifères, reptiles, coraux, poissons et oiseaux ont été saisies entre 1999 et 2019. Aucune espèce n’est responsable de plus de 5 % des saisies et aucun pays n’a été identifié comme étant la source de plus de 9 % du nombre total des saisies selon l’agence onusienne, les réseaux criminels ayant diversifié les ressources qu’ils exploitent.

« Pour mieux reconstruire après la crise du coronavirus, nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer la criminalité liée aux espèces sauvages », a déclaré la directrice générale de l’Office des Nations Unies à Vienne Ghada Waly, dans un communiqué. Elle appelle les gouvernements à renforcer leur législation et à améliorer la coopération internationale.

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