La Russie a appelé à un arrêt immediat des violents combats qui se poursuivaient lundi 13 juillet, pour la deuxième journée consecutive, sur la frontière arméno-azérie.
La Russie, qui avait déjà exprimé son inquiétude face au regain de tensions dans la region, s’est montrée plus ferme, par la voix de son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui a téléphoné à ses homologues arménien et azerbaïdjanais pour tenter de les amener à un compromis.
“Nous jugeons inadmissible une escalade des tensions qui menace la sécurité de la région”, a déclaré le ministère russe des affaires étrangères dans un communiqué en ajoutant : “Nous appelons les parties en conflit à faire preuve de retenue et à respecter strictement les termes du régime de cessez-le-feu”.
« De son côté, le ministère russe des affaires étrangères est prêt à apporter sa contribution à la stabilisation de la situation”, a ajouté le communiqué. D’après le dernier bilan, quatre soldats azerbaïdjanais ont été tués et plusieurs autres blessés peu après le début des combats, dans l’après-midi de dimanche, sur la partie nord de la longue frontière séparant l’Arménie de l’Azerbaïdjan. Les combats, qui ont été enclenchés dans des circonstances qui restent troubles, n’auraient fait aucun mort dans les rangs de l’armée arménienne, fortement mobilisée dans cette province du Tavouch, au nord-est de l’Arménie, qui est régulièrement prise pour cible par les forces de Bakou. Les deux parties faisaient état de combats persistants dans la journée de lundi, impliquant des tirs de mortiers. Le ministère de la défense d’Arménie a affirmé que les forces azerbaïdjanaises auraient aussi eu recours à un drone d’attaque et bombardé un village arménien aux abords de la frontière. Chaque partie a rejeté sur l’autre la responsabilité de ces combats, qui auraient eu pour objectif d’occuper des positions enemies dans cette region montagneuse mettant en contact les provinces arméniennes de Tavouch et azérie de Tovuz. Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a condamné “les actions provocatives” de Bakou lors d’une reunion de son gouvernement à Erevan. “Je peux vous assurer que leurs actions provocatives ne resteront pas sans réponse”, a menacé le chef du gouvernement arménien, dans un appel à la nation, aux accents d’autant plus insistants que le pays fait face à l’épidémie de coronavirus qui continue à se propager. De son côté, le president azerbaïdjanais Ilham Aliyev à convoqué une reunion d’urgence de son conseil de sécurité nationale dont l’ordre du jour était les violations mortelles de la trêve. “Nous avons repoussé l’attaque [arménienne] et donné une réponse adéquate, vengeant la mort de nos soldats”, a déclaré le president azéri, cité par l’agence de presse Trend, rejetant ainsi sur la partie arménienne l’entière responsabilité de ce regain de tensions. Les ministres des affaires étrangères d’Arménie Zohrab Mnatsakanian et d’Azerbaïdjan Elmar Mammadyarov s’en sont tenus aux versions officielles de leurs pays respectifs lors des entretiens téléphniques séparés qu’ils ont eus avec S. Lavrov. E.Mammadyarov a déclaré de son côté que les combats contribuaient à impliquer “des pays tiers’ dans le conflit arméno-azerbaïdjanais”. On ne sait pas si E. Mammadyarov faisait allusion à la Russie ou à la Turquie, son plus proche allié. Toujours est-il qu’ Ankara s’est empressé de rejeter sur Erevan la responsabilité de cette escalade, et en a profité pour réaffirmer son soutien inconditionnel à Bakou. Dans un contexte plutôt tendu des relations entre la Turquie et la Russie, que ce soit en Libye ou en Syrie, les Azéris et leurs allies turcs sont d’accord pour accuser l’Arménie de vouloir impliquer son alliée russe plus fermement à ses côtés dans le conflit arméno-azéri, alors même que côté arménien, on suspecte Bakou de vouloir renforcer, par ses provocations militaires répétées, la presence turque dans la region, en testant du même coup la reaction de la Russie. Peu avant, dans la journée de lundi, le secrétaire général de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), Stanislav Zas, avait appelé à une reunion d’urgence du conseil permanent de cette alliance militaire dirigée par la Russie et comptant cinq autres ex-Républiques soviétiques, dont l’Arménie, avec pour ordre du jour la situation à la frontière arméno-azérie. La reunion a été toutefois reportée sine die quelques heures après, un report dont un porte-parole de S. Zas s’est refuse à fournir le motif, se contentant d’indiquer, sur les ondes du service arménien de RFE/RL, que le Secrétariat de l’OTSC ainsi que les Etats membres devaient fixer au préalable le “format” de la réunion. MM.Zas et Mnatsakanian se sont également entretenus au téléphone lundi. “Le lien constant avec le secrétaire general de l’OTSC est maintenu, et les efforts dans la cadre de l’OTSC se poursuivent”, a fait savoir, sans autre precision, un communiqué officiel arménien concernant cette conversation téléphonique.