Les forces arméniennes repoussent une nouvelle attaque azérie

La diplomatie du canon… C’est celle qu’a toujours été tenté de pratiquer Bakou, et c’est apparemment dans cet objectif que le président Aliev a remplacé son ministre des affaires étrangères, Elmar Mammadyarov, en poste depuis près de deux décennies et “coupable” d’avoir mené de “vaines négociations” avec les Arméniens,

tout en relançant les hostilités contre l’Arménie, plutôt que le haut Karabagh, pour bien montrer que ce territoire, qu’il revendique, comme d’ailleurs une grande partie du territoire arménien, est l’enjeu d’un conflit qui oppose Bakou à Erevan. Après une brève accalmie, les forces azéries sont reparties à l’offensive jeudi 16 juillet, malgré les pertes importantes qu’elles ont essuyées durant les trois jours de combat qui ont précédé, contre les positions arméniennes stationnées sur la frontière de la province de Tavouch, au nord-est de l’Arménie, visant les militaires comme les civils.

Les forces armées arméniennes ont repoussé les attaques de jeudi, qui avaient débuté à 3h40 du matin. Le village de Chinari a été touché par ces attaques au mortier, qui n’ont cependant fait aucune victime. Le ministère arménien de la Défense a toutefois fait état de blessés, dont certains dans un état critique, parmi les habitants. La porte-parole du ministère arménien, Shushan Stepanyan, a précisé que les forces arméniennes étaient sur la défensive et cette stratégie leur a permis d’empêcher l’intrusion de forces ennemies sur le territoire arménien. D’autres attaques azéries, visant les villages d’Aygepar et de Movses, toujours dans le Tavouch, ont elles aussi été refoulées par les soldats arméniens. S.Stepanyan a précisé que durant les opérations, les forces arméniennes ont détruit un char azerbaïdjanais, qui tirait en direction du Tavouch. Elle a ajouté que les batteries de mortiers de l’ennemi, qui tiraient sur les positions et les villages arméniens, avaient été aussi neutralisées.

Lors de la réunion hebdomadaire de jeudi du conseil des ministres, le Premier ministre Nikol Pachinian a précisé qu’une position en hauteur de l’armée arménienne au Tavouch avait été la cible principale des attaques menées durant la nuit par l’armée de Bakou. Pachinian avait ajouté que plus d’une centaine de soldats azerbaïdjanais avaient été engagés dans cette offensive sans avoir pu avoir raison des défenses arméniennes, d’autres troupes de Bakou s’étant alors rabattues vers des positions arméniennes adjacentes. Pachinian a indiqué que les forces armées arméniennes avaient “repoussé sans fléchir toutes les attaques et gardaient tout le contrôle de la situation”. “Ij faut souligner que cette agression constitue une violation perfide d’un accord sur la cessation des hostilités conclu peu avant et dans la foulée de la déclaration du 15 juillet des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE sur l’instauration d’un calme relatif à la frontière”, a déclaré le ministère arménien des Affaires étrangères dans une déclaration jeudi. “Sa politique à courte vue a conduit le pouvoir politico-militaire d’Azerbaïdjan dans une impasse et désormais aussi, le pousse à mener des actions dangereuses, aventureuses, dont il porte l’entière responsabilité, y compris devant son propre peuple”, a ajouté le communiqué du ministère arménien en précisant : “A ce stade, les efforts visant à une restauration, préservation et à un renforcement complet et inconditionnel du cessez-le-feu sont impératifs”.

Le ministre arménien de la Défense Davit Tonoyan a téléphoné au représentant permanent du président en exercice de l’OSCE Andrzej Kasprzyk pour l’informer des derniers développements sur le terrain, où les forces azéries auraient selon lui subi de “nombreuses pertes”. Le gouverneur de la province de Tavouch Hayk Chobanyan a indiqué pour sa part aux journalistes qu’en dépit des attaques toujours en cours dimanche, les habitants de la région sont restés calmes et prudents, en se réfugiant dans les caves si nécessaire. “Il n’y a pas de mouvement de panique dans la population. Aujourd’hui, nous demandons aux habitants de rester dans les abris dans la mesure du possible. La situation est stable et sous contrôle. Grâce au travail professionnel de notre armée, nous nous sentons en sécurité dans nos villages et nos villes”, a déclaré M. Chobanyan lors d’un point de presse jeudi.

La ville de Berd et les villages d’Aygepar, Nerkin Karmiragbyur, Movses et Chinari, ainsi que d’autres localités frontalières sont les cibles d’attaques depuis dimanche, des forces azéries qui ont tenté de percer les lignes arméniennes défendant cette frontière sensible, régulièrement visée par l’armée de Bakou. Plusieurs maisons et autres édifices civils ont été endommagés par les tirs, dont l’école maternelle d’Aygepar. Les attaques azerbaïdjanaises ont aussi endommagé des vergers et des pépinières. Des obus n’ayant pas explosé ont été trouvés dans le village de Chinari après des tirs visant délibérément des cibles civiles, dont des enfants et des personnes âgées. Jeudi encore, l’Azerbaïdjan a menacé de prendre pour cible la centrale nucléaire arménienne de Metsamor, à une vingtaine de km à l’ouest d’Erevan. La sécurité de cette centrale héritée de l’ère soviétique et qui aurait dû cessé de fonctionner depuis des années si l’Arménie n’avait pas besoin de son électricité, es tune priorité du gouvernement arménien. Elle avait été fermée durant quelques années après le séisme de 1988, qui l’avait toutefois épargnée. Aussi la menace de Bakou visant ce lieu hautement stratégique constitue-t-elle un nouveau palier dans sa rhétorique guerrière. “La partie arménienne ne devrait pas oublier que le dernier système de missiles, dont dispose l’armée azerbaïdjanaise dans son arsenal, est en mesure de frapper la centrale de Metsamor avec une grande précision, ce qui constituera un désastre majeur pour l’Arménie”, a déclaré un porte-parole du ministère azéri de la Défense dans un tweet jeudi. Un simple twwet, certes, mais qui en dit long sur les intentions de Bakou et sa fuite en avant, car c’est non seulement l’Arménie, mais la région entière, y compris l’Azerbaïdjan, qui serait affectée, si Bakou était tenté de vouloir mettre sa menace à exécution.

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