L’ex-président soudanais Omar el-Béchir comparaît mardi devant la justice à Khartoum où il risque la peine de mort pour son coup d’État de 1989 contre le gouvernement démocratiquement élu du Premier ministre Sadek al-Mahdi.
Il s’agit d’un procès inédit dans le monde arabe, car jamais l’auteur d’un putsch réussi n’avait été jugé dans l’histoire récente.
M. Béchir sera dans le box des accusés avec 10 autres militaires et six civils, parmi lesquels ses anciens vice-présidents Ali Osman Taha et le général Bakri Hassan Saleh.
Après une instruction menée par le bureau du procureur, il sera jugé par une cour spéciale composée de trois juges.
« Omar el-Béchir et Bakri Hassan Saleh ont refusé totalement de coopérer lors de l’instruction mais ils seront présents au tribunal », a affirmé à l’AFP Moaz Hadra, un des avocats à l’origine de la procédure contre le dictateur déchu.
Le 30 juin 1989 au petit matin, la radio annonçait le coup d’État au Soudan. L’armée fermait l’aéroport, procédait à l’arrestation des principaux dirigeants politiques et suspendait les institutions, notamment le Parlement.
Le colonel Béchir, devenu ensuite général, est resté au pouvoir pendant 30 ans. Renversé le 11 avril 2019 après un mouvement de contestation populaire qui a duré quatre mois, il est depuis emprisonné.
Son procès et celui de 16 co-accusés intervient alors que le gouvernement de transition post-révolutionnaire du Soudan a lancé une série de réformes dans l’espoir de rejoindre pleinement la communauté internationale.
Le Soudan s’est également engagé à livrer Béchir à la Cour pénale internationale (CPI) pour qu’il soit jugé pour crimes de guerre et génocide dans le cadre du conflit au Darfour en 2003-2004, qui a fait 300 000 morts et des millions de déplacés.
« Ce procès sera un avertissement à toute personne qui essaiera de détruire le système constitutionnel et sera jugée pour ce crime. Cela sauvegardera la démocratie soudanaise. Nous espérons ainsi clore l’ère des putschs au Soudan », a plaidé l’avocat.