Après le report des JO de Tokyo, encore beaucoup d’inconnues

Le report historique des Jeux olympiques de Tokyo 2020 à l’été 2021, en raison de la pandémie mondiale de coronavirus, a laissé les organisateurs face à une montagne de questions dont beaucoup sont encore sans réponses.

Un an quasiment jour pour jour avant la cérémonie d’ouverture reprogrammée le 23 juillet 2021, les principales interrogations autour des JO se concentrent sur la sécurité, les finances et… la certitude de leur tenue.

Les Jeux seront « simplifiés » selon les organisateurs, même si ce que cela signifie concrètement reste encore très vague.

Plus de 200 mesures sont étudiées, ont-ils précisé, en refusant toutefois pour le moment de citer des exemples.

Selon les médias japonais, cela pourrait induire une réduction du nombre de spectateurs, pour les épreuves olympiques comme pour les cérémonies d’ouverture et de clôture.

Cependant « des Jeux Olympiques à huis clos sont clairement quelque chose dont nous ne voulons pas », a déclaré le 16 juillet le patron du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach.

Mais le président de Tokyo 2020, Yoshiro Mori, a laissé entendre que l’humilité serait de rigueur: les JO précédents étaient d’une « splendeur extravagante, grandiose. Mais face au Covid-19, est-ce que ce genre de Jeux serait accepté? », s’est-il interrogé.

Les organisateurs comptent étudier des contre-mesures face au Covid-19 à partir de cet automne, sans détailler davantage pour l’heure.

L’immensité de la tâche a été résumée en mai par John Coates, président de la commission de coordination des Jeux de Tokyo: « Est ce qu’il faudra placer le Village olympique à l’isolement? Est-ce que tout sportif participant devra observer une période de quarantaine? Est-ce qu’on limite le nombre de spectateurs sur chaque site de compétition? ».

« On est face à de vrais problèmes, parce qu’il y a des sportifs qui viennent de 206 pays », avait souligné M. Coates. « Il y aura 11.000 athlètes, 5.000 officiels et entraîneurs, 20.000 membres des médias, il y a 4.000 personnes qui travaillent à l’organisation des Jeux en ce moment, auxquels il faudra ajouter 60.000 bénévoles ».

Le report a engendré d’autres casse-tête, comme la disponibilité à l’été 2021 des sites prévus pour les JO. Les organisateurs viennent cependant d’annoncer que 100 % des sites ont finalement pu être réservés.

Un autre problème majeur concerne le Village olympique, au bord de la baie de Tokyo, qui était censé être reconverti en appartements de luxe dès la fin initialement prévue des Jeux. De nombreux appartements ont déjà été vendus à des particuliers qui comptaient y emménager dès cette année.

L’incertitude persistante sur la tenue des JO fait par ailleurs hésiter des entreprises partenaires censées apporter près de 3 milliards d’euros au total, soit près de la moitié des recettes initialement attendues de l’évènement.

Selon un sondage publié en juin par la chaîne de télévision publique japonaise NHK, 65 % des sponsors de Tokyo 2020 n’étaient pas certains de maintenir leurs engagements.

N’intégrant pas encore les surcoûts liés à leur report, la facture totale des JO n’est pas encore connue. Fin 2019, leur dernier budget prévisionnel avait été chiffré à 1.350 milliards de yens (plus de 11 milliards d’euros) pour la partie japonaise.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a reconnu qu’il serait difficile d’organiser les JO à l’été 2021 si la pandémie mondiale n’était pas contenue d’ici là.

Dans un entretien à l’AFP courant juin, la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, a quant à elle promis de se mobiliser « à 120% » pour que les JO aient bien lieu.

Les organisateurs et le CIO ont cependant précisé que les JO de Tokyo ne pourraient pas être reportés une seconde fois. S’ils ne pouvaient avoir lieu en 2021, ils seraient donc définitivement annulés.

Alors que la pandémie continue actuellement de faire rage en Amérique du Nord et en Amérique latine notamment, ce scénario du pire n’a rien d’impossible. Pour certains experts, c’est même l’hypothèse la plus probable.

« Le Japon pourrait être en mesure de contrôler la maladie (d’ici l’été 2021), mais je ne pense pas que cela pourra se faire partout sur la planète et je suis donc très pessimiste » pour les JO de Tokyo, avait ainsi déclaré en avril Kentaro Iwata, un spécialiste japonais des maladies infectieuses.

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