« C’est la fin de ma vie politique ! » Vraiment ? En annonçant sa sortie de scène publique le soir du deuxième tour des municipales, Gérard Collomb a peut-être parlé trop vite.
Emporté par la vague écologiste qui a déferlé entre Rhône et Saône, l’ancien maire de Lyon ne semble finalement pas prêt à prendre sa retraite politique. Ses collègues s’attendaient à voir celui qui est désormais le doyen de l’hémicycle démissionner, mais, un mois après ces municipales fatales, il n’en est rien, et Gérard Collomb est partout.
Manifestement en pleine forme, l’ancien ministre de l’Intérieur ne rate pas un conseil municipal ni un conseil métropolitain, dans lesquels il ne siège pourtant plus que comme simple élu d’opposition. « Je veux transmettre mon expérience aux jeunes équipes », explique-t-il désormais, prêt à jouer un rôle d’opposant « constructif ». Il ne loupe pourtant pas une occasion de monter au créneau contre les initiatives de ses successeurs écologistes. Bruno Bernard, le nouveau président EELV de la métropole de Lyon, préfère une télécabine plutôt que la nouvelle ligne de métro E défendue par Gérard Collomb pour desservir l’Ouest lyonnais ? L’ancien maire, qui ne manque pas d’humour, menace de monter une association écologiste, voire une ZAD, pour protéger la tranquillité du quartier.
Lundi, lors du premier conseil de la métropole, où Bruno Bernard faisait ses premiers pas de président, c’est finalement Gérard Collomb qui s’est imposé. Quelques petits cafouillages dans les listes des représentants au sein des conseils d’administration des établissements publics ? C’est Gérard Collomb qui sonne l’alerte. On oublie de donner les résultats du vote ? Gérard Collomb intervient. « Il faudrait peut-être donner les résultats du vote ! Dans le temps, on les donnait ! »
Un élu communiste de la nouvelle majorité annonce la fin des grands projets ? Le sang de Gérard Collomb ne fait qu’un tour et il monte au créneau pour défendre son bilan : « Je souhaite que, pour les dix prochaines années, l’agglomération lyonnaise connaisse le même développement que pendant les vingt dernières années. Lorsque l’on regarde les chiffres de création d’emplois dans notre métropole, on s’aperçoit que, depuis une dizaine d’années, nous ne cessons de battre des records. Nous créons des emplois en interne, grâce au développement de nos universités, grâce à leur coopération, avec les entreprises, et c’est pour cela qu’avant le Covid nous avions un taux de chômage qui était inférieur à la moyenne nationale. »
Gérard Collomb va même jusqu’à défendre son bilan écologiste, qu’il n’a pas digéré de voir sanctionné par les urnes : « Je passais pour venir ici rue Garibaldi et je me disais que ça avait quand même une sacrée gueule aujourd’hui ! Et ceux qui disent qu’il n’y a pas de verdure et de nature dans l’agglomération, c’est qu’ils n’ouvrent pas bien les yeux. » La Cité internationale de la gastronomie, ouverte en octobre dernier, a déjà fermé ses portes faute de visiteurs ? Là, Gérard Collomb s’emporte contre l’équipe de son ancien dauphin David Kimelfeld, qui lui a succédé à la tête de la métropole pendant son passage au gouvernement. « Cette Cité de la gastronomie devait être le fleuron des métiers de bouche, tout était prêt, quand je suis parti au ministère, le projet et le financement. Et, au lieu de continuer dans cette ligne, on a pris une autre direction pour aboutir à la Cité de la gastronomie d’aujourd’hui, qui est d’une pauvreté stupéfiante. Quand je vois que Paul Bocuse est représenté par une plaque de contreplaqué, il doit se retourner là-haut, assène Gérard Collomb. Non, le projet initial n’était pas obsolète ! C’est le projet sagouiné une fois que j’ai été parti qui est en cause. »
Après avoir régné sur la ville pendant vingt ans, Gérard Collomb a-t-il l’intention de devenir le leader de l’opposition ? « Il tient à défendre son bilan, pour lui, c’est une question d’honneur, et il sait qu’il n’y a personne pour le faire à sa place », s’amuse un député lyonnais.