Après 4 mois de confinement, le gouvernement marocain annonce un plan de relance de l’économie

L’interdiction de déplacement entre les grandes villes du royaume décidée le 26 juillet 2020 par les autorités marocaines montre que la situation sanitaire reste préoccupante.

Les contaminations sont reparties à la hausse à quelques jours de la la fête du sacrifice (Aïd al-Adha), marquée par des réunions familiales. Une fête au goût amer cette année, puisque les déplacements sont limités et que la plupart des souks ou l’on achète le mouton de la fête sont fermés ou difficilement accessibles. Après quatre mois de confinement, les principaux secteurs économiques du pays sont en berne.

Premier touché, le tourisme. Les hôtels et autres maisons d’hôtes sont vides depuis le mois d’avril. Les vols internationaux sont toujours suspendus, à l’exception des vols spéciaux transportant des Marocains résidant à l’étranger. L’aéroport de Marrakech, qui tournait avec quelque 477 vols hebdomadaires avant la Covid, est presque à l’arrêt, alors que la ville dispose de plus de 80 000 lits d’accueil. « Pendant ce temps, les charges continuent de courir, beaucoup comptaient sur la saison d’été pour se maintenir à flot. De nombreuses maisons d’hôtes vont mettre la clé sous la porte », affirme à franceinfo Afrique Françoise, une Française installée près de Marrakech. Et toujours pas de reprise des vols internationaux en vue.

A cela s’ajoute une faible pluviométrie qui a fortement affecté la production agricole. Même l’approvisionnement en eau potable devient problématique dans un grand nombre de villages du sud du pays. Conséquence de cette sécheresse qui sévit depuis des mois, le monde rural a largement basculé vers le chômage ou l’inactivité.

Les températures qui dépassent les 40° depuis plusieurs semaines ont poussé les Marocains vers les plages et les plans d’eau, ce qui pourrait expliquer la hausse des contaminations de ces dernières semaines. Surtout que le port du masque devient très difficile sur la durée avec de telles températures.

Si le tourisme et l’agriculture sont fortement impactés, les secteurs clés du BTP, de l’automobile, de l’aéronautique et des phosphates tournent eux aussi au ralenti, faute de demande.

L’économie marocaine est entrée en récession. Si la pandémie se poursuit, la croissance pourrait baisser de 7 % par rapport à ce qui était prévu en début d’année. Conséquences, selon les statistiques gouvernementales, un Marocain sur deux est aujourd’hui au chômage. Les deux tiers des actifs (66,2 %) ont dû arrêter temporairement leur activité. La moitié des ménages ont au moins un membre ayant perdu son travail suite au confinement.

Ce chômage massif s’est traduit par une baisse de moitié (en moyenne) du revenu mensuel. Et le recul est plus prononcé encore pour le monde rural. Un signe qui ne trompe pas : la mendicité qui s’était faite discrète ces dernières années dans les rues des villes touristiques du pays a refait massivement son apparition.

Pour compenser la perte d’emploi et la baisse de revenu, six millions de personnes ont bénéficié d’un soutien financier. Cette aide publique a, selon les chiffres du gouvernement, permis de compenser en moyenne 35 % de perte de revenus.

Un plan de soutien au secteur touristique prévoit le versement de 2 000 dirhams (environ 200 euros) pour l’ensemble des acteurs du secteur, sous condition de maintien dans l’emploi de 80 % des salariés. Le plan gouvernemental prévoit également des exonérations de taxes, des prêts à faible taux et « l’accompagnement des entreprises en détresse »…

Pour aider les secteurs de l’immobilier et du BTP à rebondir, le gouvernement envisage la réduction de droits d’enregistrement pour l’achat d’une maison ou d’un appartement. Pas sûr cependant qu’un grand nombre de Marocains aient encore les moyens d’acheter un bien.

Seule note optimiste, la croissance du PIB pourrait revenir à 4% au Maroc en 2021 dans l’hypothèse d’un retour de l’activité à la normale, estime la Banque africaine de développement (BAD).

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