Le choléra fait planer la crainte d’une catastrophe au Yémen

Déchets qui s’amoncellent dans les rues, système d’alimentation en eau potable détruit : après quatre années de guerre civile, le Yémen redoute maintenant une hécatombe provoquée par le choléra. L’épidémie a déjà contaminé 1,3 million de personnes et fait 2 700 morts dont un quart d’enfants.

Paradoxalement, c’est la baisse des nouveaux cas qui inquiète les ONG. Oxfam en recensait 100 000 durant les trois premiers mois de l’année ; moitié moins en avril, alors qu’ils étaient en progression de 70 % l’an passé à la même période.

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La faute à une autre épidémie, le Covid-19. Le Yémen a enregistré son premier cas en avril. Mercredi 29 juillet, il en comptait officiellement 1 703 (pour 484 décès), un chiffre très certainement sous-évalué.

«  Dès le début de la crise, beaucoup d’hôpitaux ont fermé leurs services pour éviter des fréquentations trop importantes. Les femmes enceintes et les enfants malnutris ont évité les centres de soins depuis la pandémie. Mais aussi les malades du choléra », explique Ghassan Abou Chaar, responsable des opérations au Yémen de Médecins sans frontières.

Or, en cette saison, les pluies n’aident pas : l’eau stagnante facilite la contagion. Sans traitement, l’OMS prévient que la moitié des personnes atteintes du choléra mais non diagnostiquées pourraient en mourir. Alors que si la maladie était prise à temps,  seulement  1 % des personnes contaminées y succomberaient.

Muhsin Siddiquey, le directeur d’Oxfam Yémen s’inquiète :  Les Yéménites ont désespérément besoin que les combats cessent. Ces derniers ont détruit les centres de soins et ont laissé les communautés encore plus vulnérables aux virus . Pour Ghassan Abou Chaar,  le problème, aujourd’hui, c’est le système de santé en règle générale, il faut trouver un moyen pour le réactiver ».

Frêle espoir : hier, les séparatistes du Conseil de transition du Sud (STC) ont annoncé qu’ils renonçaient à leur déclaration d’autonomie prononcée il y a plusieurs semaines. Ils s’engagent à mettre en œuvre l’accord de partage du pouvoir avec le gouvernement, signé en 2019, sous les auspices de l’Arabie saoudite, suscitant ainsi l’espoir d’une réconciliation entre ces deux camps alliés contre les rebelles Houthis.

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