Éclaboussé par les affaires, l’ancien roi Juan Carlos a annoncé, lundi, qu’il quittait l’Espagne. Un épilogue douloureux pour celui qui régna sur la jeune démocratie pendant près de quarante ans.
Une fin de règne douloureuse. Longtemps révéré, l’ex-roi d’Espagne Juan Carlos a annoncé, lundi 3 août, quitter son pays, après l’ouverture d’une enquête pour corruption le visant. Croulant sous les accusations, l’ancien monarque de 82 ans serait en route pour la République dominicaine, selon le journal La Vanguardia mais aussi ABC et El Mundo. D’autres médias le disent au Portugal ou encore en France et en Italie. Le mystère reste entier.
Le monarque a justifié son exil dans une lettre adressée à son fils, Felipe VI, par sa volonté de “faciliter l’exercice de [ses] fonctions”. « Guidé […] par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t’informe de ma décision réfléchie de m’exiler, en cette période, en dehors de l’Espagne », a écrit l’ancien souverain. L’avocat de Juan Carlos, Javier Sanchez-Junco, a toutefois précisé que son client ne cherchait pas à échapper à la justice mais restait à la disposition du parquet. De son côté, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé, mardi, qu’il respectait ce départ, le jugeant « digne d’une démocratie robuste ».
Cet exil n’a « rien d’une surprise », estime au téléphone, Carole Viñals, maîtresse de conférence à l’université de Lille et spécialiste de l’Espagne post-franquiste. « Cette décision était dans les tuyaux depuis au moins deux mois. Ce n’est pas une fuite mais une façon pour la monarchie de se protéger », note l’universitaire. Car, en juin dernier, la Cour suprême espagnole avait annoncé l’ouverture d’une enquête pour cerner l’éventuelle responsabilité de l’ancien roi dans un dossier de corruption présumée, lors de l’attribution d’un contrat de train à grande vitesse par l’Arabie saoudite.