Erevan compte sur le soutien de la Russie dans les efforts qu’elle déploie pour faire face à la grave menace que représente pour sa sécurité nationale son voisin turc, a souligné un haut responsable arménien ce weekend.
Le secrétaire du Conseil de sécurité d’Arménie, Armen Grigorian, a réitéré les inquiétudes de Erevan concernant le soutien affiché avec véhémence par la Turquie à l’Azerbaïdjan durant les violents combats qui ont opposé les forces arméniennes et azéries sur la frontière entre les deux pays au début du mois.
« Du fait que l’Azerbaïdjan est incapable de garder la situation sous contrôle, la Turquie cherche à intervenir », a déclaré A. Grigorian, cité par le service arménien de RFE/RL en ajoutant : « J’estime que cela constitue une menace sérieuse pour la région. C’est aussi un défi à l’équilibre régional en matière de sécurité. L’architecture de la sécurité régionale est restée longtemps inchangée. La Turquie tente maintenant de la modifier par son intervention ». « Nous sommes absolument préparés et prendrons les mesures pour limiter cela (cette menace – réd.)», a ajouté le responsable arménien qui a précisé qu’”il y a beaucoup à faire en ce sens avec notre allié stratégique russe, afin d’empêcher de tels changements dans la région ».
Pour ce qui concerne l’attitude de Moscou face aux inquiétudes arméniennes, M. Grigorian a indiqué que « les incidents de juillet [à la frontière] coïncident avec la pandémie de coronavirus, et nous n’avons pas encore été capables de discuter la question à un plus haut niveau. Mais ces questions sont à l’ordre du jour, car elles figurent au nombre des défis que doit relever la région et nous devons trouver une réponse commune à ces défis ».
Ankara a rejeté sur Erevan la responsabilité de ces combats qui ont éclaté le 12 juillet de part et d’autre de la frontière arméno-azérie, et en a profité pour s’engager à apporter un soutien militaire massif à l’Azerbaïdjan, où ses forces participaient mercredi à des exercices de grande ampleur avec les forces azéries. Ces exercices militaires n’ont pas manqué de renforcer les inquiétudes de l’Arménie, dont le ministère des Affaires étrangères a rappelé qu’ils étaient suivis de près par les forces arméniennes, placées pour l’occasion en état d’alerte.
De son côté, le ministre arménien de la Défense Davit Tonoyan a déclaré le 28 juillet que des unités de l’armée arménienne et un contingent mixte russo-arménien « continuaient de suivre et d’analyser » les activités militaires turco-azéries, avec « tous les moyens de reconnaissance » à leur disposition.
Rappelons que les présidents russe et turc ont discuté des tensions arméno-azéries lors d’une conversation téléphonique le 27 juillet. Dans un communiqué, le Kremlin indiquait que V. Poutine avait « souligné la nécessité d’empêcher toute action qui provoquerait une escalade des tensions », tandis que le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov appelait les Turcs à la retenue.