Khaled Drareni est incarcéré depuis le 29 mars à la prison de Koléa. Correspondant de TV5 Monde et de Reporters sans frontières en Algérie, il est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national » et « incitation à attroupement non armé ».
En réalité, Khaled Drareni n’a fait que son travail de journaliste, couvrant sans relâche les marches du Hirak depuis leur début en février 2019. Un mouvement suspendu en raison de l’épidémie de coronavirus.
« Je ne suis pas un politicien ou une figure du Hirak, je suis un journaliste libre qui couvre les marches pour montrer aux Algériens et au monde cette révolution exceptionnelle » écrivait Drareni dans son ultime tweet le 16 mars, annonçant suspendre la couverture des manifestations.
Jusqu’alors, le journaliste avait réussi à passer entre les mailles du filet de la police. Plusieurs fois interpellé, la dernière fois le 10 janvier de cette année, il a été à chaque fois relâché, sa présence dans les média internationaux semblant lui assurer une bonne protection. Cette fois il n’y a eu aucune mansuétude. Comme lui, selon Amnesty International, 300 personnes sont actuellement détenues depuis le début du mouvement de contestation.
Relâché dans un premier temps, le journaliste a été réincarcéré dans l’attente de son procès.
Un comité de soutien s’est créé pour réclamer sa libération, le cas de Khaled Drareni devenant emblématique de la situation de la liberté de la presse en Algérie. Reporters sans frontières évoque « un harcèlement ciblé des médias indépendants ».
Ses soutiens attendaient sa libération le 5 juillet dans le cadre des cérémonies du 58e anniversaire de l’indépendance. A cette occasion, plusieurs militants du Hirak ont été libérés dont Slimane Hamitouche et Samir Benlarbi, qui figurent dans le même dossier que Khaled Drareni. Mais le journaliste a vu sa détention préventive prolongée et a été renvoyé devant le tribunal correctionnel.
Ses avocats, cités par le quotidien Liberté-Algérie sont optimistes quant à l’issue du procès. « On espère qu’il va être libéré dans le cadre des mesures d’apaisement actuelles, surtout que son dossier est vide”, a indiqué Aouicha Bakhti, une de ses avocates.
Pourtant le réquisitoire du procureur prononcé dans l’après-midi du 3 août a de quoi doucher les défenseurs des trois inculpés. Il a en effet requis quatre ans de prison et 100 000 dinars (660 €) d’amende à l’encontre des trois prévenus. La décision du tribunal sera rendue le 10 août.