Le delta du fleuve argentin Parana, un des plus puissants et riches en biodiversité du monde est frappé par une terrible sécheresse. Des incendies sans précédent le ravagent depuis le début de l’année.
Depuis les sept premiers mois de 2020, plus de 11 000 départs de feu ont été détectés dans cette région d’environ 14 000 km2 à cheval sur trois provinces du nord-est de l’Argentine : Entre Rios, Buenos Aires et Santa Fe. Le décompte a été mené par le musée des sciences naturelles Antonio-Scasso, situé à San Nicolas de los Arroyos.
A partir d’images satellite, l’association environnementale Naturalistas Santafesino a, elle, calculé que plus de 530 km2 de zone humide avaient été dévastés, soit l’équivalent de trois fois la superficie de Buenos Aires. La riche biodiversité de ce territoire, où 700 espèces de plantes et d’animaux ont été répertoriées, est durement mise à mal. Le fleuve et ses affluents constituent le troisième réseau hydrographique du monde, après ceux de l’Amazone et du Congo.
Les éleveurs bovins pointés du doigt
« Les incendies ont un effet immédiat et d’autres effets qui se découvrent à moyen et long terme : mortalité d’animaux, perte d’habitats naturels pour de nombreuses espèces, appauvrissement des sols, pollution de l’eau et de l’air et impact sur les émissions » de CO2, explique à l’AFP Graciela Klekailo, de l’Université nationale de Rosario (UNR), située dans la capitale de la province de Santa Fe.
Mais d’où viennent ces incendies ? Le ministre de l’Environnement, Juan Cabandié, a pointé du doigt les éleveurs bovins, les accusant d’allumer des feux pour « nettoyer » les pâturages et les régénérer. Le ministre, qui a survolé la zone à plusieurs reprises au cours des derniers mois, a déposé une plainte au pénal contre des éleveurs et des fermiers. Ces derniers rejettent catégoriquement ces accusations. Ils affirment que les incendies limitent également leurs activités, et dénoncent un « manque de contrôle et un laisser-aller » de la part des autorités dans la gestion de la zone. Pablo Cantador, membre de l’association Pas touche au Parana, explique à l’AFP que les incendies incontrôlés de cette année « sont le résultat de décennies d’abandon des zones humides ».