Il sera l’un des rares dirigeants étrangers à le faire… mais diplomatie oblige, le premier ministre arménien Nikol Pashinyan, s’est cru obligé d’envoyer un message de félicitations au président de la Biélorussie Aleksandre Loukachenko, pour sa réélection, rapporte armenews.com.
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L’opposition, rassemblée derrière sa principale adversaire, Svetlana Tsikanovskaia, qui avait repris la candidature de son compagnon, emprisonné bien avant le scrutin, comme d’autres candidats potentiels dont certains avaient aussi dû s’exiler, s’est aussitôt mobilisée dans la rue pour dénoncer les résultats et mettre fin à près de trois décennies d’un pouvoir autoritaire et corrompu. Mais M. Pashinyan a préféré mettre de côté ses principes révolutionnaires et prendre acte de la réélection de l’incontrôlable président biélorusse, qui n’hésite pas à tenir tête à Poutine lui-même et qui passe pourtant pour être un ami d’un autre dictateur, le président azéri Ilham Aliev, et semble plus proche de l’Azerbaïdjan que de l’Arménie, qui est pourtant son partenaire au sein de la CEI, de l’Union économique eurasiatique et surtout de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire dirigée par la Russie au sein de laquelle il a témoigné à plusieurs était attaquée par Bakou.
« Je veux croire que par nos efforts conjoints, nous continuerons à renforcer l’amitié entre nos peuples, à développer une coopération mutuellement avantageuse entre nos pays tant bilatéralement que dans le cadre des organisations internationales et des associations visant l’intégration. De mon côté, je suis prêt à faire tous mes efforts pour réaliser pleinement le potentiel de relations entre nos peuples et pays », a écrit Pachinian dans son message cité par son service de presse.
Le président arménien Armen Sarkissian a aussi félicité Lukachenk, en lui souhaitant « santé, succès et le meilleur » ainsi que « la paix, la stabilité et la prospérité au peuple amical de Biélarussie », autant de vœux que ce pays aura peine à réaliser sous la férule de l’autocrate. V.Poutine a aussi félicité le président biélorusse, qui avait pourtant, comme à l’accoutumée, fait monter la pression dans les relations entre la Russie et la Biélorussie, en faisant arrêter avant le scrutin des Russes accusés d’être des mercenaires à la solde du Kremlin.
Loukachenko, un temps tenté par une Union avec la Russie souhaitée par Moscou, affiche une volonté d’indépendance confinant à l’autarcie, qui a donné lieu à des relations parfois houleuses avec son allié russe. Cette fois encore, les tensions se sont apaisées, mais le président biélorusse, qui a cherché, non sans un certain succès, à jouer un temps la carte de l’Europe en relâchant quelques prisonniers politiques, ne peut pus compter sur l’Occident, qui a dénoncé le scrutin, et doit retourner dans le giron de la Russie, alors que sa politique économique cryptosoviétique mène son pays à la faillite.