Biélorussie : Loukachenko refuse toute médiation étrangère

Alexandre Loukachenko n’acceptera pas l’aide de pays étrangers. C’est ce qu’il a fait savoir ce samedi 15 août au cours d’une réunion gouvernementale.

« Nous n’avons pas besoin d’aucun gouvernement étranger, d’aucun médiateur » a révélé, selon l’agence Belta, celui dont la réélection à la tête de la Biélorussie a fait plonger le pays dans une forte crise. Mercredi, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne avaient proposé un plan de médiation prévoyant la création d’un « conseil national » pour mettre à la Biélorussie de sortir de la crise.

Ce samedi 15 août, le Kremlin s’est néanmoins dit « confiant » quant à une résolution possible de la crise qui frappe la Biélorussie, pays au sein duquel le président Alexandre Loukachenko, allié de Moscou, fait face à une contestation croissante à la suite de sa réélection. « Les deux parties ont exprimé leur confiance dans une résolution prochaine des problèmes en cours » en Biélorussie, a fait savoir dans un communiqué la présidence russe, après l’entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko.

Son pays « menacé », selon ses dires, par un mouvement de contestation, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, réélu dimanche dernier, a dit, samedi 15 août, vouloir s’entretenir avec son homologue russe Vladimir Poutine, en plein mouvement de contestation grandissant contre sa réélection à la tête de la Biélorussie. Les deux hommes ont finalement échangé, a rapporté l’agence étatique Belta. « Les présidents ont discuté de la situation en cours à l’intérieur et à l’extérieur du Bélarus », a indiqué l’agence biélorusse Belta, sur sa chaîne Telegram, peu de temps après que le président Loukachenko a demandé à s’entretenir avec Poutine pour évoquer la « menace » visant, selon lui, son pays et « toute notre région ».

« Une agression est en train d’être menée contre le Bélarus. Nous devons contacter Poutine, le président russe, pour que je puisse parler avec lui maintenant », avait affirmé Alexandre Loukachenko, lors d’une réunion avec des responsables. « Car ce n’est pas une menace uniquement contre le Bélarus », avait ajouté le chef d’État.

Il avait soutenu que la contestation menaçait « tout notre espace » ainsi que l’Union entre la Russie et la Biélorussie, une union intergouvernementale en place entre les deux pays. Selon Alexandre Loukachenko, son pays fait face à une « révolution de couleur », le nom donné à plusieurs soulèvements populaires dans l’ex-URSS ces 20 dernières années, avec des « éléments d’interférence extérieure. »

Depuis dimanche, des dizaines de milliers de manifestants contestent la réélection d’Alexandre Loukachenko, dénonçant des fraudes massives et la violente répression du pouvoir. Depuis deux jours, les autorités ont montré des signes de recul et le président Alexandre Loukachenko a lui même appelé vendredi à une « certaine retenue » contre les protestataires, qu’il avait auparavant qualifiés de « moutons » à qui il fallait « remettre le cerveau en place ».

Le pouvoir biélorusse a reçu le soutien de Moscou qui a dénoncé des tentatives d’« ingérence étrangère » visant à déstabiliser la Biélorussie, un allié historique de la Russie, malgré des tensions récurrentes entre les deux pays ces dernières années. Le chef de l’État biélorusse avait notamment accusé la Russie de vouloir réduire son pays à l’état de vassal et de s’ingérer dans le scrutin du 9 août en faveur de ses adversaires.

Par ailleurs, plusieurs milliers de manifestants étaient à nouveau rassemblés samedi à Minsk, la capitale de la Biélorussie, pour protester contre la réélection du président Alexandre Loukachenko, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse. Des milliers de personnes convergeaient vers la station de métro Pouchkinskaïa, à l’ouest du centre de Minsk, pour rendre hommage à un manifestant ayant trouvé la mort à proximité lors d’une manifestation lundi dernier. Au même moment, entre 500 et 700 personnes sont réunies avec la famille du défunt autour de son cercueil, exposé dans un autre quartier de la capitale, selon une journaliste de l’AFP sur place. La foule s’est ensuite dispersée pour se rendre à la station de métro Pouchkinskaïa.

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