La crise sanitaire du Covid-19, détruisant des emplois et créant des difficultés d’approvisionnement, pourrait entraîner dans l’extrême pauvreté 100 millions de personnes supplémentaires à travers le monde, a alerté jeudi le président de la Banque mondiale David Malpass, dans un entretien à l’AFP.

L’institution estime que 70 à 100 millions de personnes pourraient ainsi devoir vivre avec moins de 1,90 dollar par jour, et leur nombre « pourrait augmenter » si la pandémie s’aggrave ou dure. Une précédente estimation faisait état de 60 millions de personnes.

Cette situation rend « impératif », pour les créanciers, de réduire la dette des pays pauvres, a déclaré David Malpass, allant plus loin que les appels à prolonger le moratoire sur la dette des pays les plus pauvres.

En Amérique latine et aux Caraïbes, l’épidémie accentue les inégalités et la pauvreté. Selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), la pandémie devrait faire retomber dans la pauvreté 45 millions de personnes, portant le total à 231 millions, soit 37,3 % de la population de la région.

« Je me retrouve au chômage à cause de cette pandémie. Il y a des jours où nous ne mangeons pas parce que la situation est difficile », raconte Milena Maia, une Brésilienne de 35 ans, habitante de la favela de Heliopolis, qui abrite 200 000 personnes à Sao Paulo.

L’impact durable de la pandémie force également l’Allemagne, première économie européenne, à rompre pour la deuxième année consécutive avec son orthodoxie budgétaire: Berlin va devoir recourir de nouveau à l’emprunt pour financer un déficit budgétaire important en 2021, a annoncé vendredi le ministre des Finances.

« Nous allons être contraints également l’an prochain de demander une exception à la règle sur la limitation de l’endettement » public en Allemagne pour financer le budget, et ce « afin d’utiliser des moyens considérables pour protéger la santé des citoyens et stabiliser l’économie », a déclaré Olaf Scholz.